les lois de l'amitié (r).

Dire que la journée était banale serait vraiment trop gentil. Et la gentillesse, c'est juste écœurant. Muse était donc tout simplement dégoûtée par cette fade journée où rien ne se passait, où tout le monde semblait profondément endormi. « C'est dingue quand même, toute l'année les gens m'épuisent avec leur train de vie pas possible, et voilà qu'aujourd'hui où je suis au repos, tout le monde me fou la paix. Pas croyable... ». Marchant en rond dans la ville, Muse ne se gênait pas pour parler à voix haute. Après tout, se disait-elle, je partage bien leurs pensées perverses et dégoûtantes, autant partager à mon tour. De toute façon, personne ne devait l'entendre, elle marchait à si vive allure qu'elle ne se rendait même plus compte de là où elle se trouvait. Et c'est pas un certain hasard – il paraît qu'il fait bien les choses – que la jeune femme se retrouva devant le Buffet au moment même où elle se mit à penser à son amie Danae. Sans plus réfléchir, Muse fit une entrée remarquable dans le Buffet, risquant à peu de choses près d’assommer un client avec la lourde porte d'entrée. « Non, mais, quel agencement, tu devrais en faire une note pour ton patron. » Muse s'était installé comme à son habitude dans son petit coin, de là, elle pouvait voir tout le restaurant sans pour autant être vue. Et puis, surtout, elle pouvait y retrouver Danae et discuter avec elle. Laissant de côté son côté ronchon pour quelques instant, Muse commença à se dévêtir et se mettre à l'aise, arborant un de ses plus beaux sourires tandis que son amie faisait mine de la conseiller pour sa commande. « Alors, darling, tu m'offre quoi aujourd'hui ? ». Évidement, si Muse se permettait de venir manger un truc salé, c'était parce qu'elle ne comptait pas débourser un centime. Elle était en pleine période d'économie et avait pour règle de ne jamais payer pour autre chose que des bonbons, et encore.