Death is at your door [R]

❝ Death is at your door ❞
Nick & Nina

Le bruit du verre tombant sur le sol raisonna dans le bar, mais personne n'y fit attention. Il y avait trop de monde qu'ils s'y intéressent. Nina avait tourné la tête vers la serveuse qui se trouvait à quelques mètres d'elle. Elle s'affairait à ramasser les débris un à un, faisant attention de ne pas se blesser. La blonde se leva pour aller l'aider, mais Alex la retint par le bras, la faisant se rasseoir de force à sa place initiale. Il lui lança un regard noir, portant une nouvelle fois sa bière à sa bouche. Si tu te coupes et que ta blessure cicatrise devant tout le monde, qu'est-ce que tu feras ? Nina soupira, comme toujours son frère avait raison. Avec sa maladresse naturelle, elle aurait bien été capable de se couper sans même s'en rendre compte. Voilà encore une chose qui venait s'ajouter à la longue liste. La longue liste qui résumait toutes les choses qu'elle ne pouvait plus faire depuis l'apparition de son don qu'elle détestait tant. Il lui pourrissait la vie plus qu'autre chose. Elle, elle voulait à tout prix s'en débarrasser et Skyler, lui, en voulant un à tout prix. Le monde à l'envers. Si elle l'aurait pu, elle lui aurait refilé son pouvoir depuis longtemps, mais ça, c'était impossible. La jeune femme tourna une nouvelle fois sa tête, regardant la serveuse retournée derrière le comptoir avec son plateau. J'en ai marre de ce pouvoir. Et encore, cette affirmation n'était pas assez forte pour qualifier ce qu'elle ressentait depuis des années. Alex se contenta de hausser les épaules. Il trouvait ça plutôt cool lui de ne pas pouvoir mourir, mais ce n'était malheureusement pas le même avis que sa frangine. Tu devrais t'estimer heureuse. La demoiselle baissa sa tête pour regarder ses mains s'entortiller sous la table. Ça ne faisait pas longtemps qu'il était au courant de la vérité, pourtant, il se comportait comme s'il l'avait toujours su. Elle commençait déjà à regretter de lui avoir dit. Enfin, de l'avoir découvert était sans doute le terme le plus approprié. Il l'avait vu se régénérer après une chute dans les escaliers de la maison. Ce n'est pas si catastrophique ça une chute dans un escalier, sauf si votre tête se met à faire un tour de 360° sur elle-même. Il fallait ensuite subir toutes les questions et raconter son histoire depuis le début. Quelque chose de long et éprouvant. Nina soupira, relevant sa tête pour fixer son frère. Elle esquissa un sourire à son attention. Tu ne sais pas ce que c'est. Il ne répondit pas, se contentant de faire tourner le liquide dans son verre. Il ne savait pas et ne le saurait sûrement jamais.

À bout de forces, la blonde se redressa, enfilant sa veste et ramassant ses affaires sur la table. Je suis crevée, je rentre, tu diras bonsoir à Emmy de ma part. Elle fit un signe de main à Alex et s'aventura dans la foule de personnes qui encombraient le bar. Il devait être un peu plus de vingt-trois heures, pour elle, la soirée se terminait maintenant. À quoi bon essayer de parler avec lui, il ne comprenait pas. Nina sortit de l'établissement en quelques secondes. Elle ferma sa veste, déjà tiraillée par le froid qui s'engouffrait sous ses vêtements. Pour rentrer plus vite et croiser un minimum de monde, elle décida de passer par un raccourci. Elle passa derrière le bar, une petite ruelle qui n'était pratiquement jamais fréquentée. Manque de chance, cette fois, il y avait déjà deux personnes. Deux hommes à en juger par leur carrure. La jeune femme souffla, elle hésita pendant quelques secondes à faire demi-tour. Mais que risquait-elle après tout ? S'il se passait quelque chose de suspect, elle n'aurait qu'à crier un bon coup en espérant que tous les alcooliques présents dans le bar l'entendent. Elle s'avança donc en silence, mais se stoppa net après plusieurs pas. Elle écarquilla de grands yeux face à la scène qui se déroulait devant ses yeux. L'un des deux inconnus tenait l'autre par le cou. Celui qui était maintenu était à première vue en train de souffrir le martyre. Ses veines ressortaient, ses yeux étaient sur le point de saigner, il n'arrivait même plus à émettre un son. Mais qu'est-ce que ... Nina ne chercha pas à comprendre bien longtemps ce qu'il était en train de se passer. Elle courut vers les deux hommes et força l'agresseur à lâcher le cou du pauvre homme en train de mourir pour venir poser sa main sur le sien. Elle crut que sa tête allait exploser. Ce qui s'était produit pour l'homme était en train de se produire sur elle-même. Cependant, avant que sa vie ne s'échappe, ses cellules se régénéraient pour recommencer à se détruire. Mais c'était qui ce type ?

A toujours être en cavale, on finissait par s’en lasser. Le jeune Shackleford était dans cette situation depuis sa sortie de prison. Courir, toujours courir pour éviter de se faire attraper. Plus que lassant, c’était très fatigant. Surtout qu’il n’était pas obligé de le faire. S’il fuyait, ce n’était que par respect pour sa sœur qui avait décidé de l’accompagner dans sa cavale depuis qu’elle l’avait aidé à sortir de prison. Elle refusait de le voir tuer d’autres personnes, lui qui s’était rongé après la mort de son tyran d’oncle qu’il avait tué d’un regard. Il en cauchemardait encore. Il se revoyait avec ce regard noir qui l’avait animé, et en un souffle son oncle n’était plus. Il lui avait pompé toute son énergie, et depuis, il en avait eu marre de se contenir. Notamment parce qu’il avait d’autant plus souffert en prison. Il avait cherché à contrôler son pouvoir pour qu’on évite de l’étudier, mais ça avait été tellement difficile, la souffrance avait été telle, qu’à présent, il n’avait qu’une idée en tête, faire de son pouvoir, son don, une arme. Mais serait-il capable d’endurer une grande culpabilité multipliée par dix comparée à celle qu’il avait eue après avoir tué son oncle ? Serait-il capable de renoncer à son âme ? Sa sœur pensait tout le contraire. Elle pensait qu’il avait bon fond, et qu’il ne serait pas capable de faire du mal aux gens, à des innocents. Mais depuis qu’il avait rencontré Pilar, la réalité était toute autre. Elle le poussait à aller dans l’autre sens, un peu à la manière du Chancelier Palpatine avec Anakin Skywalker, sauf que Nick n’avait jamais eu l’intention d’agir pour le bien. Ainsi, sa sœur et lui se retrouvaient dans une drôle de situation. Elle cherchait par tous les moyens à le faire réagir, lui montrer que ce qu’il comptait faire – c’est-à-dire se venger – n’aurait qu’un impact négatif, qu’il mettrait en péril sa vie en plus de celle des autres, mais il n’en avait que faire. Le jeune homme était anéanti et animé par une vengeance sans nom qui ne cesserait tant qu’il n’accomplirait pas cette série de meurtres. Mais pour les trouver ces gens, il fallait questionner des innocents, et ça ne serait ni une partie de plaisir ni innocent. Ca pouvait aller loin, même très loin. A partir du moment où Nick avait décidé un truc, il était difficile de le faire changer d’avis.

Ainsi, il était parti un peu plus tôt dans la journée, en fin d’après-midi, à la recherche de personnes qui pouvaient potentiellement l’aider. Il avait des noms, des photos, un tas de trucs qui lui permettrait de les trouver. Mais il devait de cacher. Il avait dû retrouver la trace de cet homme qui l’avait aidé à sortir de prison, cet homme qu’il surnommait Metamorph, en l’honneur du Pokémon capable de changer d’apparence à tout va. On avait les références qu’on pouvait. Après l’avoir retrouvé, il lui pompa suffisamment d’énergie pour pouvoir se servir de son pouvoir assez longtemps, en échange d’une consolation financière, car s’il se faisait découvrir, il ne pourrait parvenir à ses fins. Après s’être métamorphosé en un type aléatoire, il ne mit pas longtemps à trouver sa cible au détour d’un bar, alors que celui-ci allait y rentrer, et ceci fit sourire Nick. C’était tellement trop facile… Un alcoolique, le scientifique ? Peut-être bien. Il allait en avoir le cœur net. Rentrant à son tour dans le bar, il ne se fit pas prier, et s’assit tout de suite à la table de ce scientifique. Il était plutôt jeune, du moins pas la quarantaine, il avait un museau allongé ce petit rat de laboratoire, et des lunettes. Nick l’aurait reconnu entre mille. Il était celui qui avait essayé de lui injecter un tas de produits. S’installant à sa table, il lui fit rapidement la conversation : « Professeur Cardigan, quel plaisir de vous voir ici. Vous ne devez pas me reconnaitre, on s’est croisé une fois à l’une de vos conférences. » Quelle surprise que le professeur en question affirme presque l’avoir vu : « Je crois me souvenir de vous en effet, puis-je vous aider ? » Oh oui, il pouvait l’aider. « Eh bien, je suis content de tomber sur vous car j’ai en fait un document qui devrait vous intéresser, à propos des Heroes… » dit-il tout bas. La discussion continua de longues heures, il expliqua avec une aisance terrible comment étudier les Heroes sans que ceux-ci ne se rendent compte de quoi que ce soit. C’était tellement simple. Vint le moment où le scientifique se leva, fatigué, il voulait en reparler. « Et si je vous raccompagnait jusqu’à votre voiture, je vous montrerais mon document, ce n’est pas que je ne veuille pas le sortir en public, mais presque… » Le scientifique ne semblait pas sceptique, ce qui était inquiétant pour lui. Ils s’aventurèrent donc tous les deux dans le noir, et Nick présenta la rue derrière le bar, pour pouvoir lui montrer. Là, le scientifique était réticent, c’est ainsi que lâchant légèrement sa concentration, le morphing cessa, et Nick Shackleford, l’évadé de prison apparût devant le scientifique qui voulut hurler de peur, mais c’était sans compter le regard de Nick qui croisa le regard du scientifique qui se raidit tout de suite, et le soulevant en l’air l’étranglant pour renforcer la douleur, il lui lança : « Bertie Cardigan, que vous êtes naïf…Je voulais vous retrouver en premier, petite fleur de ma part, après tout vous étiez le premier à m’examiner…Je n’ai pas oublié…Et vous serrez le premier à… » Il fut gêné par une autre présence. Une jeune femme, qui venait de s’interposer. Il aurait pu le tuer, mais à cause d’elle, le scientifique gisait au sol à moitié conscient, et il avait du s’occuper d’elle également. Choc terrible quand il remarqua que la jeune femme se régénérait petit à petit. Oh… Un pouvoir intéressant, il pourrait donc en bénéficier occasionnellement. « A ta place, si j’étais toi, je repartirais d’où je viens. Ce type que tu vois au sol, pourrait te faire vivre un enfer. » D’ailleurs posant le regard sur le professeur Cardigan, il continuait de le vider de son énergie, jusqu’à ce qu’il finisse par gésir, mort.