❝ THE TEMPTATION THAT I AM ❞ (r)

« Combien de fois je vais devoir te répéter que je déteste ça ! » hurla Pilar en balançant son assiette contre le mur de son salon, effrayant comme jamais son employé. Et tout ceci pour une sombre histoire de plat mal choisi. Une attitude de diva qui la caractérisait assez. Mais totalement logique selon elle. En effet, étant donné qu'elle payait une bande d'incapable pour la servir et tenir sa demeure; autant qu'il fasse leur travail correctement et qu'il l'écoute surtout. Confuse, sa bonne venant de se pencher au sol, ramassant les restes de nourriture et d'assiette brisée, les yeux mouillés de se faire hurler dessus encore une fois. Exaspérée par cette attitude de pauvre petite pleurnicheuse, Pilar souffla, levant les yeux ciel, donnant un dernier coup de pied dans un débris qui vint se fracasser un peu plus loin. Dans un sursaut léger, son employé posa le regard sur elle, par peur. La tchèque lui sourit et tournant les talons, sortir du salon en direction de sa chambre.

Il faut dire que depuis un moment déjà, la demoiselle n'était pas au meilleure de sa forme et tout cela à cause de Nick. Il lui refusait un petit service - très important à ses yeux - et le refus n'arrivait pas à intégrer la vocabulaire de Pilar. Usant de tous les moyens possibles pour obtenir gain de cause, la jeune femme se sentait défaillir tant les idées commençaient légèrement à manquer. Mais peu importe, elle en avait encore quelques unes dans un coin de sa tête. D'ailleurs, le moment semblait agréablement bien choisi pour débarquer à l'improviste chez ce petit con. Le seul problème était qu'elle ne savait jamais ou son corps finirait par atterrir, tant il changeait d'endroit souvent. Et pour cause, sa vie était un grand manège.

Fermant les yeux pour mieux se concentrer, Pilar atterrit deux secondes plus tard dans une chambre miteuse de Best Western. Son regard parcouru la pièce de haut en bas, un air de dégout posté sur le visage - elle qui désormais avait l'habitude du luxe et la grandeur. Pour être honnête, la chambre était décorée avec autant de goût qu'un bar à prostituée. Qu'à cela ne tienne, elle haussa les épaules et son visage s'illumina à la vue de cher Nick, posté un peu plus loin. « Coucou c'est encore moi. » lança-t-elle guillerette en s'asseyant sur son lit, sans demander. « Tu sais j'ai vraiment bien réfléchi à ce que je pourrais faire pour que tu changes d'avis. C'est pas facile à trouver.. J'ai pensé te menacer.. » commença-t-elle. « Mais je doute que ça te fasse quelque chose. Surtout avec tes capacités, hein.. » Véridique, il avait les moyens de la faire taire en peu de temps et bien qu'il soit tout doux, tout gentil, tout sucré, comme garçon, mieux valait-il se méfier. « Du coup j'ai eu une autre idée. » poursuivit-elle en se relevant. C'est là qu'elle ôta son tee shirt, dévoilant ses sous vêtements, les mains posées sur les hanches. En réalité, elle doutait qu'il apprécie le geste. « Je t'offre mes services. » lança-t-elle comme s'il s'agissait d'une surprise d'anniversaire. Prête à tout, c'était bien le cas. Un peu trop même. Surtout qu'il n'avait pas l'air d'être le genre de type à être réceptif à ce genre d'avances, surtout lorsqu'il s'agissait d'une folle comme elle.

Sa sœur était partie depuis un moment. Oui, il sortait que très rarement, car il ne pouvait pas se montrer, il était recherché. Il ne le faisait que lorsqu’il croisait l’un de ces héros capables de prendre l’apparence d’un autre, s’emparant de leur pouvoir provisoirement le temps de faire ce qu’il avait à faire. La seule chose était qu’à répétition, même s’il prenait l’énergie des autres, sa concentration était telle qu’il se fatiguait tout autant. Sa sœur lui permettait donc de ne pas se mettre en danger inutilement et de se fatiguer. Il dormait déjà beaucoup. Il y avait été habitué lors de son long séjour en prison qui avait duré sept ans. Il n’y avait rien d’autre à faire là-bas. Il ne sortait pas de son antre, et on lui balançait son repas par une petite fenêtre de la porte, quand on s’assurait qu’il était tourné ou qu’il dormait, une cagoule sur la tête pour qu’il évite de tuer. Mais avant sa sortie ça ne lui était même pas venu à l’esprit de tuer quelqu’un d’autre que son oncle. Il était le seul qui lui avait fait du mal, le seul à qui il en voulait, excepté le chauffard qui avait provoqué l’accident de ses parents, mais il était lui aussi mort sur le coup.

Il avait eu du mal à se réadapter à la vie de tous les jours, la vie pleine de liberté, mais il n’avait même pas eu le temps de l’apprécier, car il n’avait fait que fuir. S’il sortait sans user de son stratagème pour prendre l’apparence de quelqu’un d’autre, il finissait par partir en courant, sa sœur refusant de le voir tuer une autre personne, c’était trop dangereux. Mais ce n’était pas l’envie qui lui manquait, car tout le monde, en vue de la récompense s’était mis en tête que trouver Nicholas les rendraient riches pleins aux as. Il menait une vie qui ne lui convenait pas par leur faute, et il se vengerait pour sûr. Pourtant quand on le regardait, on ne s’attendait ni à voir un criminel, ni à voir une personne qui vous en voulait à mort. C’était là que sa sœur avait joué un rôle essentiel. Car en opposition à sa sœur, il y avait Pilar. La jeune fille qui lui avait sauvé la vie, et qui n’en démordait pas car elle voulait qu’il lui rende la pareille par un service. Service qui demandait d’agrandir le nombre de victimes de ses mains ou plutôt de ses yeux. Mais comme ça ne lui apportait rien, il refusait de le lui rendre. La jeune tchèque avait pourtant tout tenté pour le convaincre, mais il n’était pas de ceux qui lui feraient plaisir pour ses beaux yeux.

Parlant du loup, elle venait d’apparaitre là dans sa chambre. Il se demandait encore comment elle parvenait à le suivre peu importe où il se trouvait, l’endroit, et même les circonstances. Elle était forte. Très forte. Si lui apprenait à maitriser son pouvoir un peu plus chaque jour, elle, connaissait le sien parfaitement. Elle s’assit bien rapidement sur son lit, alors que le jeune homme était allongé sur celui-ci lisant un de ses livres favoris : 1984 de George Orwell. Comme s’il ne s’y attendait pas, elle commença directement par négocier le service qu’il devait lui rendre. Elle ne cesserait donc jamais ! Il soupira bien bruyamment toujours plongé dans sa lecture tandis qu’elle lui exposait sa théorie. Elle avait raison, le menacer ne servirait à rien, et il lâcha simplement : « Il t’en faut du temps pour comprendre. » Il tourna une page de son livre, Big Brother et sa dictature étaient bien plus passionnants que d’apprendre qu’il était redoutable, il le savait déjà. Mais il arqua un sourcil quand elle lui dit qu’elle avait trouvé une autre idée. Il était toujours intéressé par les stratagèmes qu’elle mettait en place, elle se tracassait tellement pour ça que ça en était devenu amusant de l’écouter. Il stoppa sa lecture quand il constata qu’elle se déshabilla devant lui. Ou voulait-elle en venir. Offrir ses services. Il retint un rire. « T’as trouvé un nouveau job sur le trottoir ? A moins que tu aies ton entretien dans peu de temps donc tu veux t’exercer ? » Et il remit le nez dans sa lecture. Elle avait beau posséder tous les attraits du monde, si elle voulait le convaincre, elle devait aller beaucoup plus loin, et il était difficilement convaincu donc elle avait du pain sur la planche. Mais on n’a rien sans rien.

Ce type était un parfait con en puissance, aussi peu intéressant qu'une boite de sardine à l'huile. Il possédait des capacités d'humain évolué et se contentait de fuir la planète par peur. Quelle attitude alors que le monde pouvait bien s'agenouiller à ses pieds, tandis qu'il inspirerait la crainte. Soit, après tout ça n'était pas son problème. De son côté, elle usait et abusait de son don comme personne, ce qui lui avait notamment permis d'acquérir une immense fortune. Que demandez de plus ? Impossible donc pour la jeune Pilar de le comprendre.
Haussant les épaules, elle écouta attentivement ses paroles. Toujours la même répartie. Inutile jusqu'au bout des ongles. Alors dans un mouvement vif elle se releva, se postant debout juste à coté de lui, observant la couverture de son livre avant de le saisir pour le jeter plus loin. « Tu passes ton temps à fuir, pas sur que tu saches sauter quelqu'un. » répondit-elle en arquant un sourcil, cherchant à le provoquer. « Ta vie est minable. » poursuivit-elle, pleine de réalisme. « Tu pourrais utiliser ton pouvoir pour avoir ce que tu veux. » mais non, il se contentait de rester là comme un con, à lire un livre à la con. Qu'attendait-il au juste ? Une véritable question à laquelle elle n'aurait surement aucune réponse. Nick était une petite énigme à lui seul, difficile à comprendre.

Mais une autre question se posait : pourquoi diable devait-il accomplir cela pour elle ? Eh bien, Pilar n'avait que trop d'antécédent, il devenait difficile pour elle de rester innocente, malgré toutes les précautions qu'elle pouvait prendre. Autant dire qu'un peu d'aide ne serait pas de refus. Mais il s'obstinait largement à ne pas vouloir. Il ratait non seulement la capacité d'user enfin de son don mais aussi celle de toucher quelques millions au passage. Oh non, la tchèque ne partagerait pas sa fortune avec lui mais en s'associant à elle, le gâteau était à couper en deux ? Une information qu'elle se gardait bien de lui révéler. Elle préférait le voir agir pour un autre motif que celui financier. Par envie de profiter, peut être. « Alors, tu vas rester là comme un con ? » continua-t-elle, voulant le pousser un peu plus loin. Des paroles qui n'auraient surement aucun impact sur lui. C'est ce pourquoi elle se risqua à aller légèrement plus loin, lui collant une mini gifle qui claqua dans l'air et eut aussitôt pour effet de rougir sa joue. Un sourire se posta sur son visage, sachant qu'elle aurait pu aller plus loin.
« Tu te rend compte que je vais venir, et revenir et revenir.. et revenir ? » De quoi devenir fou, certes, lança-t-elle en se reculant, marchant tranquillement dans la chambre en observant les affaires déposées par ci-par là. Soulevant au gré de ses envies, fouillant légèrement, certes, sans recherches particulières, juste pour passer le temps, tant sa compagnie était ennuyante et son attitude tranquillisante. D'ailleurs, elle se laissa aller à un petit bâillement. Heureusement, au final, qu'il avait refusé sa proposition car sans nul doute la jeune femme se serait-elle endormie en plein milieux, voir éclipser (bien qu'il n'aurait pas apprécié la chose).

Nick connaissait l’ampleur de ses pouvoirs. Il pouvait faire quelque chose de grand. Il pouvait devenir le Magneto des temps modernes en mieux car il n’aurait besoin de l’aide de personne, il pourrait accomplir de grandes choses comme des horreurs. Au lieu de ça, il se tapissait dans l’ombre. La raison était toute simple : sa sœur cadette. Tant qu’elle était là, il se refusait d’agir, car il savait qu’on s’attaquerait à elle en premier pour lui faire du mal et elle le rendrait vulnérable. Tout n’était qu’une question de temps. Et puisqu’elle passait son temps à l’emmerder, Pilar serait certainement la première de ses victimes, profitant ainsi de récupérer au passage tout ce qui lui appartenait que ce soit son pouvoir, ou encore son argent. Mais ce qu’il ignorait c’était qu’un type du même genre agissait déjà ainsi. Il n’aimait pas la concurrence donc ça mettait un obstacle de plus en travers de sa route, mais il était patient c’était là sa force. Mais Nick n’était pas non plus le diable en personne, il se considérait comme humain et tuer des gens de sang-froid c’était quelque chose de difficile, et il savait très bien qu’il n’y parviendrait peut-être pas. Tuer un gamin relevait de l’horreur pour lui. Le chemin était encore long pour un être qui s’improvisait petit à petit démoniaque et machiavélique alors qu’il avait au départ tout d’un bon garçon. Mais la souffrance mène à la haine et pousse parfois l’homme à agir inconsciemment.

Chez Pilar, cette attitude était innée et elle le démontrait un peu plus chaque jour. Là, elle s’était assise près de lui, contemplant un instant son bouquin avant de le saisir et de le balancer, faisant au garçon de Salford des remontrances qui le laissèrent une fois de plus de marbre. Ca ne la regardait pas. Pourtant s’il réagissait même de la plus mineure des façons, c’était bien qu’elle parvenait à le toucher au fil du temps. « T’aimerais bien que je te montre… Mais ça serait trop intense pour toi, tu finirais par mourir d’un arrêt cardiaque, ça serait dommage pour toi. » Prétentieux ? Ca faisait vraiment longtemps qu’il n’avait évoqué ce sujet. En prison, seul, il n’avait pas pu acquérir de l’expérience, même s’il en avait déjà eu, heureusement que sa confiance ne lui faisait pas défaut. Il savait bien que Pilar chercherait n’importe quel stratagème pour parvenir à ses fins, inutile de tomber dans son piège. Sa vie semblait minable à ses yeux également. Mais elle était certainement plus passionnante qu’avant. « Et ta vie est tellement chiante que tu passes ton temps à me saouler ! A moins qu’à force…Tu deviennes frustrée…J’imagine que les vieux ça doit pas être fun tous les jours… » Il retournait la situation à son avantage, si elle le provoquait, il répondrait par une provocation, c’était aussi simple que bonjour. En ce qui concernait son pouvoir c’était légèrement différent. « Qui te dit que j’ai envie de quelque chose d’autre ? J’ai déjà tout ce qu’il me faut. » Et puis ce qu’il ne disait pas c’était que la dimension de son pouvoir l’effrayait parce qu’il était incapable de le contrôler à la perfection. D’ailleurs si elle parvenait à le toucher, elle n’était pas sûre d’en ressortir vivante.

Elle le provoquait toujours. Il n’avait pas bougé depuis son arrivée, il n’avait juste plus le livre entre les mains mais peu lui importait, si elle voulait l’emmerder qu’elle le fasse. S’il allait rester là comme un con ? Probablement jusqu’à ce qu’on le cafte, qu’il entende les flics arriver et qu’il puisse s’échapper en cavalant plutôt que de se téléporter comme elle le faisait. Pourtant il pourrait faire la même chose, ou même tuer toute personne qui osait s’aventurer ici. « Exactement. Comme un con, et toi tu vas aller te téléporter pour aller voir ton papi. » Son mari plutôt. « Il t’attend au chaud sous la couette. » Mais la main de la tchèque vint heurter sa joue de manière sonore avant que sa joue ne se teinte de rouge. Elle avait osé. Que voulait-elle donc ? Qu’il sorte de ses gonds ? A ses risques et périls. Elle lui faisait savoir qu’elle ne cesserait de venir, de le hanter tel un fantôme, c’était à en foutre les jetons. Ce qui devrait l’effrayer en revanche, c’était le regard qui s’était emparé de Nicholas. Ses yeux étaient rivés sur elle. Il se servait de son pouvoir. Elle s’était raidie légèrement. Il exerçait qu’une légère pression sur elle, il n’était pas là pour la tuer, pas encore… « C’est ça que tu veux ? » Il y avait une énorme faiblesse dans son pouvoir, il avait besoin de voir la personne pour continuer, sinon il était inoffensif. Mais il continuait se délectant : « Ca doit faire bizarre de se sentir à la merci de la mort… » Il se leva et s’approcha d’elle : « Comment tu te sens ? De plus en plus fatiguée j’imagine… » Il se plut à jouer avec une des mèches de la jeune femme, avant de détourner son regard et donc de la libérer de toute prise d’énergie. « C’est bien beau de provoquer, mais ça sert à rien. » Voilà ce qu’il lâcha, ramassant son livre au sol.

Sa prétention n'avait d'égale et fit sourire - presque rire, la jeune tchèque qui voyait désormais en lui un simple beau parleur. Il était si simple de lancer ça sans preuve, autant dire que ces paroles ne comptaient pas à ses yeux. Pilar était le genre de personne à s'attacher aux actes plus qu'aux mots qui n'avait aucune valeur, toujours selon elle. Il s'agissait de la facilité et ça, tout être en étant largement capable. C'est pourquoi elle s'appliquait toujours à agir en toutes circonstances, sans se poser de questions, au moins, elle était sûr d'elle. « C'est sur qu'avec tes sept années de prison, t'as eu le temps de te toucher plus qu'autre chose. » lança-t-elle, arrogante, sourire pointé. Oh que oui elle doutait largement de ces capacités à satisfaire une femme, normale non ? Après des années enfermése sans aucune présence. Une trop grande confiance en soi trahissait toujours une certaine appréhension. Mais il continuait sur le chemin glissant des paroles mal placées. Il fit mouche car Pilar ne supportait pas qu'on s'attaque à sa vie personnelle. Elle avait fait ses propres choix, les assumaient entièrement. Lorsqu'on était incapable de se montrer au grand jour et de prendre ses responsabilités, on avait rien à dire aux autres. Balayait devant sa porte avant de regarder celle des autres, disait l'adage. Ce qu'elle ne manqua pas de lui préciser. « Ces vieux, comme tu dis, on de l'argent, une belle vie, des belles filles.. et ils n'ont aucun pouvoir. Et toi, t'as quoi monsieur je peux tuer des gens d'un simple regard ? » continua-t-elle en le fixant d'un air sérieux, car c'était là tout ce qu'elle pensait de lui. Mais sa remarque suivante la fit rire, à gorge déployée. « T'as tout ce qu'il te faut ? Oh.. une chambre d'hôtel différente tous les soirs, une soeur qui te suit à la trace comme un toutou, pas le moindre idée de ce qu'est une vie normale. Oh oui, Shackleford, tu as absolument tout.. bouh ! » Il voulait la provoquer, elle aussi. Qu'il comprenne enfin que sa vie n'était rien et qu'il pouvait obtenir plus. Lui ouvrir les yeux, voilà ce qu'elle voulait. Borné comme il était, il ne s'en rendrait même pas compte.

« Il est mort, couillon. » lança-t-elle ensuite, alors qu'il parlait de son mari, le défunt. En effet, depuis le troisième, elle n'en avait eu aucun autre, à la recherche de la proie parfaite surement. Même si ce train de vie la lassait peu à peu. Se remarier une quatrième fois signifiait se mettre dans de sales draps, voilà pourquoi elle avait besoin des services de Nick. Sans lui, pas d'agrandissement de sa fortune, autant dire une tragédie selon elle. Mais voilà, sa claque fut de trop, alors qu'elle déambulait dans la chambre, elle croisa le regard de Nick, qui fit intervenir son pouvoir sur elle. La suite des évènements fut bizarre, elle se sentit mal, pas énormément, un peu comme une nuit blanche. Ses mouvements devenaient difficile, tandis qu'il jouait avec une mèche de ces cheveux. Quel con. Elle ne pouvait rien faire, même pas se téléporter, car même si elle gérait son pouvoir, en cas de fatigue, elle ne pouvait l'utiliser. En effet, celui ce lui provoquait des saignements de nez, maux de tête et autre malaise inexplicable. Autant dire qu'il la rendait encore plus faible qu'elle ne l'était déjà. Puis il relâcha son emprise et elle se sentit légèrement défaillir, prenant appuis sur une commode et ne lui rétorquant rien du tout. Alors qu'il ramassait son livre au sol, elle sentit quelques forces la regagner. Alors d'un élan, elle se jeta sur lui, le repoussa en arrière, contre un mur, saisissant son cou d'une main, le regard noir. « C'est sa ton problème. Tu sais affaiblir les autres mais les tuer.. ça.. » Encore une provocation, qui lui couterait peut être la vie. Mais s'il avait réellement voulu sa mort, ne l'aurait il pas déjà fait ? « T'as pas de couilles Nick, t'es faible, t'as attaché, t'es rien. » poursuivit-elle en le repoussant cette fois ci dans un autre coin, vers la table de nuit. Il l'avait énervé, trop surement.

Pilar avait un don mais pas seulement pour la téléportation. Elle avait un don pour réussir à agacer le monde. Nick savait bien qu’elle avait dû en corrompre de nombreux pour avoir cette aisance dans la parole, et la maitriser aussi bien. Elle maniait la langue si bien, que si Nick ne s’était pas forgé ce caractère en prison, il aurait probablement vite déchanté et se serait incliné bien vite. Mais là encore, il prouvait sa force en ne bronchant pas. Sept ans de prison à ne rien faire. Isolé, n’ayant que pour visite le résonnement de la voix de sa sœur dans la pièce. Elle avait raison sur ce point, pendant sept ans il n’avait eu aucune expérience. « Vaut mieux se toucher que devoir se forcer à baiser avec un fripé pour avoir son fric. T’as dû bien simuler avec lui, pas sûr qu’il ait pu te satisfaire. » Peu lui importait, il savait s’y prendre, et il n’avait pas besoin de s’entretenir pour garder la cadence, surtout pas avec elle ça lui ferait bien trop plaisir. Plus encore, ça lui ferait plaisir de lui faire faire tout ce qu’elle désirait. Elle désirait le voir agir contre sa sœur, elle voulait qu’il profite de son pouvoir. Oh oui il le voulait aussi, mais il n’en faisait rien parce qu’il refusait d’être un pantin à qui on ordonnait des choses. Alors elle pouvait toujours essayer, il ne cèderait sous aucun prétexte, même si ça partait peut être d’un bon sentiment. Elle continuait de le sermonner, et il n’aimait pas ça. Sa sœur s’y mettait déjà suffisamment à son gout, il n’avait pas besoin qu’on en rajoute, alors il souffla à sa remarque : « Mêles-toi de ton propre pouvoir, et laisse-moi tranquille. Et tes vieux je m’en fous. » Elle continuait à chercher à le faire réagir, maintenant elle s’attaquait à son mode de vie, et Nick était loin de lui donner raison. Il fronça les sourcils : « Et qui te dit que ça ne me convient pas ? T’es superficielle, tout ce qui t’intéresse c’est le matériel. Moi j’ai pas besoin de ça. Et ne t’avises plus de parler de ma sœur comme ça. » Serait-ce une menace ? Il n’avait aucune idée de ce que pouvait être une vie bien rangée et ce depuis la mort de ses parents, mais habitué ainsi, il rêvait de tout sauf d’une telle vie – si tenté est qu’il rêve.

Mort. Oui, elle l’avait tué. Mais puisqu’elle avait besoin de ses services, il avait fait la conclusion hâtive de la présence d’un autre. Mais il s’était trompé. « Tu n’as donc pas besoin de moi. Merci de ce précieux renseignement. » Il sourit gracieusement. Il était maintenant soulagé, aucune pression ne marcherait. D’ailleurs, il se laissa même aller à une petite erreur. Il n’aurait jamais dû se servir de son pouvoir sur elle, parce qu’il savait qu’elle en redemanderait et qu’elle le pousserait à bout jusqu’à ce qu’il flanche, parce qu’elle voulait le voir se révéler, réveiller le monstre qui sommeillait en lui, mais elle avait trop confiance en elle, elle ne le dompterait jamais. Il l’avait relâché. Pas besoin de lui faire du mal à présent, ça ne ferait qu’aggraver son cas. Mais il aurait peut-être dû la vider un peu plus de son énergie, car elle se rua sur lui et le placarda contre le mur, serrant de sa main frêle son cou massif. La provocation ne lui faisait pas défaut aujourd’hui, mais elle avait l’air d’être rentrée dans une colère noire. Alors qu’elle le bousculait une énième fois, il se réceptionna tranquillement, et il se dirigea vers son lit, comme pour l’agacer encore plus. Il ne lui rétorqua rien, du moins pas avant de s’être installé sur son lit avec son livre, repartant dans sa lecture. C’est à ce moment-là qui brisa le silence qui s’était installé, comme si de rien était : « T’as vraiment l’air plus que frustrée. Je pensais pas ça possible. » Allusion à sa première provocation, elle parlait de lui, mais elle mourrait d’envie de mettre fin à cette frustration selon lui. « Au fait, j’ai oublié de te dire. Demain tu devrais ne pas réussir à te lever. T’as fait beaucoup trop d’efforts. C’est toi la faible. » Pas sûr que son livre ne soit entier avant le retour de sa sœur.

Il avait toujours réponse à tout, comme s'il ne s'épuiserait jamais et garderait son calme. Évidemment, il avait un point faible qui le ferait chavirer à un moment ou un autre et Pilar n'en démordrait pas avant. « Ma satisfaction personnelle est subjective. Je préfère l'argent aux gens. Et puis, par vengeance, une fois mort, il y a certaines parties de son anatomie que je coupe. » et elle mima avec ses doigts un ciseau, laissant ses idées un peu sadiques en suspension. Ce qu'il ignorait, c'est qu'elle possédait une tactique bien rodé. La première : pas de sexe avant le mariage, elle avait d'autres moyens de se rendre attirante (ce qui expliquait aussi pourquoi, ils se mariaient généralement un à deux mois après). Ensuite, elle avait une grosse tendance à verser des quantités impressionnantes de toutes sortes de produit dans le verre de ses époux, afin d'éviter au mieux une tâche ingrate. Évidemment, elle prétextait qu'ils avaient passé une nuit folle, prouvant cela par une morsure, par ci, par là. Oh, toute sa vie était parfaitement réglée et aucun détail ne lui échappait. Mais Nick semblait exaspéré par sa présence, ce qu'elle appréciait, car il ne tarderait plus à se lâcher complètement. « Oh arrêtes Nick, tu vas me dire que la relation que tu as avec ta soeur est la plus belles des choses du monde ? C'est d'un cucul la praline. » souffla-t-elle en levant les yeux au ciel, ne comprenant franchement pas cette attitude. Mais voilà, il avait pointé du doigt l'une de ses faiblesses : sa soeur. « T'es d'un hypocrite. Moi je suis peut être superficielle mais je m'en cache pas. Toi tu prétends que ta vie te convient alors que tu crèves d'envie d'avoir autre chose. » Et elle en était sûr. « T'es qu'une merde Nick, tu parles, tu parles.. et dans trois mois quand les flics t'auront rattrapé tu seras nouveau dans ta petite cellule bien confortable et ta soeur dans sa petite maison avec son petit mari. » Une histoire qu'elle raconta de manière un peu superficielle avec une voix de crécelle, pour bien lui montrer la futilité de son comportement.

Il continua, prétextant qu'elle n'avait pas besoin de ses services. Pourtant elle n'avait jamais précisé la nature de ceux-ci. Elle ne voulait pas qu'il tue son mari, non, elle voulait qu'il tue la femme d'un homme déjà marié pour qu'elle puisse prendre sa place. « Raisonnement trop hâtif. » lança-t-elle en haussant les épaules avant de changer totalement de sujet. Car oui, désormais, elle le pousserait à bout.
« Je vais la buter ta soeur. » commença-t-elle en prenant appuis sur la monture du lit. Maintenant que son point faible était cerné, autant l'utiliser. « Je vais en faire du steak haché et la faire bouffer par mes chiens. » continua-t-elle encore un peu plus, souriant de plus belle à cette idée. Oh, Pilar oserait bien, c'était dans sa nature, même si la pauvre enfant n'avait jamais rien demandé. Elle se faisait une joie d'imaginer la réaction de Nick face à cela. « Tu peux me tuer maintenant si t'as envie. » Car elle savait que sa soeur était son sujet sensible et qu'il n'hésiterait surement pas à lui faire payer, voir pire, à l'exterminer directement pour éviter le drame, et pourtant.. « Ça n'empêchera que j'ai trouvé plusieurs autres personnes pour faire mon sale boulot. » Elle sous entendait que même morte, on se vengerait pour elle. Évidemment, l'information était fausse, mais il ne pouvait pas le savoir, tant ça lui ressemblait de rameuter des gens pour éliminer quelqu'un. De plus, que faisait-elle en ce moment avec lui ? Elle tentait de lui faire commettre un meurtre. Elle aurait très bien pu imaginer le même stratagème avec quelqu'un d'autre. « Être faible physiquement ça se soigne.. être faible comme toi, c'est plus compliqué n'est-ce pas ? » Référence à ce qu'il lui avait lancé, sur sa fatigue du lendemain, qui ne l'importait guère honnêtement. Car s'il continuait à l'énerver, la jeune Pilar lui ferait payé au prix fort.

Bien que l’argent serve, Nick se demandait comment elle pouvait l’aimer autant. Ca n’avait pas de sens, parce qu’une fois qu’on possédait tout le matériel possible, il nous manquait quelque chose non ? Il avait été élevé dans une famille de classe moyenne, mais aimante, et si son oncle était plutôt riche, il avait toujours regretté la période avec ses parents. Il grimaça alors après réflexion: « C’est triste de se dire que tu vas mourir acariâtre et vieille fille. Je me demande ce qu’ils te trouvent les vieux, à part ta plastique… » De rêve aurait-il pu ajouter, mais elle aurait fait des plans sur la comète, alors il tut cette fin de phrase. Par contre, il la voyait mal découper un corps après l’avoir tué. Bien qu’elle tue pour l’argent elle n’était pas si tarée, trop méticuleuse, car si elle coupait certaines parties de l’anatomie de ces pauvres vieux, elle aurait laissé une preuve directe de sa culpabilité, chose qu’elle ne semblait pas vouloir. Dommage qu’il ne l’ai pas rencontrée avant, elle aurait pu s’être occupée de son oncle à sa place. Et il n’en serait pas là. Mais la vie bien rangée des autres ne l’intéressait pas, donc il n’était pas à plaindre. Ce qu’il craignait, c’est que sa sœur gâche sa vie pour lui. Elle n’avait rien à voir avec tout ça, elle n’avait été que le témoin forcé, puis la complice de son évasion parce qu’elle le sentait se détruire dans cette pièce. Personne n’avait jamais réellement su ce qu’il s’était passé. Il ne voulait pas en parler. Il avait subi diverses expériences qui lui avaient appris à mépriser le monde entier. Ces années en prison avaient été pire que les années passées chez son oncle. Mais ça ne le rendait que plus fort. Mais mieux ne valait pas l’énerver si on ne voulait pas finir blanc comme neige, vidé de toute vie, fantomatique comme si la mort avait toujours fait partie de nous. Il ne serait pas tendre avec tout le monde. « Parce que tu crois que c’est pas ridicule de faire la femme parfaite avant de les tuer tout ça pour du fric ? Tu pourrais avoir du fric avec un mec normal, ou même faire des casses avec un pickpocket, si tu veux du danger, mais non toi tu extermines des gens en fin de vie, parce que tu as peur de le faire avec des gens plus jeunes, ça serait trop difficile sans te faire choper. T’es juste pas assez forte pour ça. T’as peur. Pourtant je vois pas de quoi… La fuite est ton principal atout. » Il avait dit ça en la regardant dans le blanc des yeux, ce sourire confiant sur les lèvres, elle parlait beaucoup mais elle n’appliquait pas elle-même ses principes. Continuant sur le chemin des reproches comme à son habitude, elle ne cessait de l’envahir avec ses petites phrases toutes faites, et il leva les yeux au ciel avant de rire : « Mais que fais-tu là donc ? Serait-ce toi la justicière masquée qui va me rendre la vie incroyable ? Oh j’ai tellement hâte de voir ça ! » Il feignait l’intérêt, avant de se reprendre : « Pour que je sois dans une cellule, faudrait déjà qu’ils puissent m’attraper, car tant que tu es là…je possède deux pouvoirs. » Mais depuis quand sa sœur avait un mari ? En fait Pilar était plutôt drôle, mais peut-être ne s’en rendait-elle pas compte.

Raisonnement trop hâtif. Peut-être. Mais si ça pouvait lui permettre d’éviter de lui rendre ce foutu service, alors ça l’arrangeait. Plongé dans son livre qui touchait bientôt à sa fin car il lisait plutôt vite, il fut sorti de sa lecture par une phrase qui ne l’enchantait guère. Buter sa sœur ? Etait-elle sérieuse ? Pendant un moment, feignant de lire, il se mit à réfléchir activement. Pourquoi lui disait-elle cela, alors qu’il pouvait la tuer en deux en trois mouvements ? Que cherchait-elle ? Il savait très bien ce qu’il devait faire. Ne surtout pas rentrer dans son jeu, alors il allait en inventer un autre : son propre jeu. Lâchant son livre, il sourit : « Mais vas-y je t’en prie, tue-la. » Etait-il sérieux ? Après tout ce monologue, il avait jugé bon de ne pas s’énerver, tant qu’il était là, elle ne pourrait tuer la plus jeune des Shackleford. « A la tuer, tu sais très bien que tu n’obtiendras rien de moi. Raisonnement stupide une fois de plus, mais je suis habitué avec toi. » Il s’étira de tout son long sur son lit avant de se relever et de s’approcher une énième fois de Pilar. La proximité était telle qu’il pouvait sentir le souffle de la jeune femme : « Tuer pour tuer, ça n’a aucun sens. Moi je tue pour gagner en satisfaction personnelle. Ma sœur a rien d’intéressant pour moi. Elle est plutôt gênante…Mais si quelqu’un doit l’exterminer c’est moi, parce que… » Il s’arrêta et la fixa droit dans les yeux, utilisant une nouvelle fois son pouvoir, mais d’une manière différente de la première fois, l’intensité était plus importante. « J’ai horreur qu’on empiète sur mon terrain. » Sans la quitter des yeux, il continua : « A quoi bon te tuer, alors que tu pourrais m’être très utile ? Tu sais pas ce que c’est la souffrance, je pourrais te l’infliger tandis que moi je profiterais. Dit comme ça, ça parait presque de la jalousie, mais je t’assure que non. » Incroyable mais vrai, il se pencha ensuite pour déposer un baiser sur ses lèvres : « Ca fait quoi d’être la victime ? Une victime en sous-vêtements en plus, on va me prendre pour un pervers. » Mais il aurait très bien pu la tuer si un bruit à la fenêtre n’avait pas attiré son attention. Les flics. Non, c’était une ambulance qui venait de passer. De toute manière, il était regonflé à bloc tel une pile électrique.

Rien, ses maris ne lui trouvait rien du tout. Elle le savait, eux aussi. Pilar n'avait rien de spéciale, c'était même une fille plutôt banale comme on en croise dans la rue et elle n'avait jamais eu la prétention de croire qu'elle était mieux qu'une autre, même si son attitude disait le contraire. Elle pensait juste mieux se servir de ses atouts que n'importe quelle autre femme. Voilà tout. Ce qui prouvait qu'il n'avait absolument rien compris. « C’est triste de se dire que tu vas mourir seul et enfermé dans une cellule. Je me demande ce qu'elle te trouve ta soeur, à part.. oh, non, rien. » siffla-t-elle, maligne, reprenant sa phrase et l'adaptant pour lui. Pilar répondait toujours avec le même mordant et ne perdrait pas la face. Car Nick ne l'impressionnait pas, même son pouvoir redoutable n'était pas vraiment une arme, pas encore. Il avait beau l'utiliser légèrement sur elle, la tchèque restait persuadé qu'il n'irait pas plus loin. Il ne semblait pas être le genre de personne capable à ôter la vie à quelqu'un, même si par mégarde son oncle avait été tué. Ce qui revenait à se demander : pourquoi lui ? Pourquoi ne pas engager un professionnel pour éliminer ses problèmes. Trop simple, vous répondra-t-elle sans attendre. Lui était une sorte de petit challenge personnel. Le changer, le faire évoluer. Mission impossible, peut être, mais au fond de lui, il savait que Pilar était surement une bénédiction qui le sortirait de sa monotonie habituelle. Et son petit monologue la fit rire, beaucoup, il n'avait décidément rien compris. « Ça se voit que tu ne me connais pas et que la psychologie n'est pas ton fort. Mais je vais m'abaisser à ton niveau et suivre ton raisonnement. J'ai peur des gens plus jeunes ? Je fuis ? Tu es mon copié collé masculin Nick. Tu as peur de ton pouvoir et tu passes ton temps à fuir aussi. Bon évidemment, tu possèdes un boulet en plus accroché à ton pied. » pesta-t-elle, pleine de logique. Oui, ces deux là ne semblaient plus si différents du coup. C'est ce qu'elle s'évertuait à lui dire depuis le début. « Deux pouvoirs ? T'oses déjà pas utiliser le tien, va pas te faire une frayeur Nicki ! » continua-t-elle, amusée.

Mais voilà, il n'avait peut être pas tort, elle perdait son temps avec lui. Sa vie était minable, tout était minable en lui, autant aller voir ailleurs. Il changea même son attitude, avouant qu'elle devait tuer sa soeur si elle le souhaitait. Ce qui ne fut pas du tout crédible. « Oui je suis tellement stupide. » lança-t-elle pour le suivre. Il s'approcha rapidement d'elle, assez proche, mais la jeune femme ne cilla pas, assez peu impressionnée malgré sa carrure de basketteur. Ses paroles étaient intrigantes. Sa soeur, un poids, d'accord mais le reste.. Pilar ne dit rien, le regardant dans les yeux et encore une fois, il utilisa son pouvoir sur elle. Elle allait le tuer, c'était définitif. Il ne méritait pas la vie. « T'es aussi doux qu'un agneau. » répondit-elle, calme, alors qu'il déposa un baiser sur ses lèvres. Oh, elle savait déjà qu'elle l'attirait. « Ça fait quoi d'être un bourreau ? » demanda-t-elle, alors qu'elle attendait cette réaction de sa part depuis le début. Sentiment qu'elle ne connaissait que trop bien : être plus fort, contenir la situation, savoir qu'on a le dessus sur quelqu'un. Elle sentit sa pression se relâcher et malgré tout, elle choisit délibérément de s'éloigner avec du mal, saisissant son tee shirt pour le remettre. Utiliser son pouvoir n'était pas du tout une bonne idée, elle en connaissait les conséquences. Cependant elle le fit quand même. Dans un nouveau souffle, elle s'éclipsa de la pièce pour revenir chez elle. Une fuite ? S'en était une. Matérialisée chez elle, Pilar se sentit complètement défaillir. Une mince filet de sang coula de son nez, tandis qu'elle fut prise de violent maux de tête. Alors que son employé arrivée derrière elle, étonnée, prête à l'aider, elle la repoussa violemment. Celle-ci eut un hoquet de surprise et repartit aussitôt de la propriété. Quant à la tchèque, elle se dirigea dans sa cuisine, se saisissant d'un long couteau. Si Nick avait eu l'intention de la suivre. Elle le planterait sans hésitation.

Pourquoi était-elle certaine de le voir pourrir dans une cellule ? La réponse était plutôt évidente. Nick n’avait rien d’un méchant ordinaire, il paraissait même gentil, et c’était sur ça qu’il devait jouer. Il ne se voyait pas se faire prendre par les flics. Même si sa sœur se faisait prendre comme otage, il ne se rendrait pas. Et s’ils osaient toucher à un seul de ses cheveux, il ferait un carnage à distance. Parce qu’il comptait bien étendre son pouvoir. Il chercherait à le maitriser autrement qu’avec ses yeux, car il refusait d’être inoffensif dans certains cas. Elle se foutait ouvertement de lui, juste pour lui montrer que ses menaces ne marchaient pas sur elle, ni ses petites piques. Il haussa les épaules : « Evidemment, tu dois pas savoir ce que c’est la famille. De toute façon si tu en avais une, ils auraient honte de toi. » Facile à dire, ses parents ne seraient pas fiers du chemin qu’il prenait, mais pour lui c’était plus acceptable de fonctionner sous la vengeance car il avait souffert, et il n’y avait pas que son oncle, beaucoup d’autres lui avaient infligé trop de souffrance pour qu’il puisse laisser passer. Avant d’avoir tué son oncle, il ne s’était servi de son pouvoir que pour effrayer les gens. Lors de la mort de son oncle il s’était rendu compte du pouvoir destructeur qu’il possédait, et s’était refusé à l’utiliser sur quiconque de peur d’ôter la vie à quelqu’un qui ne le méritait pas parce qu’il avait fait une erreur. Croiser un regard et tout était fini. Mais en prison, il s’était rendu compte du cobaye qu’il était, on avait cherché à le pousser à bout pour montrer toute l’étendue de son pouvoir, et il s’était contrôlé, il n’avait tué personne. Pourtant il aurait pu. Avec le temps, il se disait qu’il aurait dû, car il aurait pu s’échapper tout seul, il n’avait besoin de personne. Et il retrouverait la trace de ces gens, et ils périraient. Qu’est-ce que la psychologie venait faire dans leur joute verbale ? Il ne comprenait pas. « Je ne suis pas psychologue, si t’en veux un, tu peux t’y rendre comme une grande. » Elle lui démontrait qu’ils étaient identiques, qu’ils se ressemblaient tous les deux. Il ne voyait pas en quoi, et il arqua un sourcil avant de secouer la tête légèrement comme pour lui montrer qu’elle faisait erreur : « Ce qu’il faut pas entendre… Redescends sur terre on se ressemble pas, et on se ressemblera jamais. T’es trop stupide pour ça. Si utiliser à bon escient son pouvoir c’est avoir peur de son pouvoir, c’est qu’on n’est pas sur la même longueur d’onde, et t’as beau essayer, je ne te rendrais jamais de service. Mais tu ne peux t’en prendre qu’à toi. » Il ne releva même pas la dernière de ses phrases, il n’utiliserait ces pouvoirs qu’en temps voulu, si elle n’était pas patiente, lui l’était.

Lui aussi doux qu’un agneau ? N’était-elle donc attirée que par les mecs violents ? Non, elle était attirée par les vieux, un agneau c’était trop jeune pour elle. Elle cherchait encore et toujours à le provoquer bien qu’il ait les cartes en main. Mais elle était contradictoire, être un bourreau en étant un agneau ce n’était pas possible, même dans le conte avec les sept agneaux, ils n’étaient pas méchant. Il lui sourit d’une façon machiavélique. « C’est grisant. » Pourtant relâcher la pression sur elle n’avait pas été délibéré, il avait juste eu peur de voir les flics débarquer, et il ne partait jamais les mains vides, donc il s’attacha soudainement à ranger un tas d’affaires dans un sac, pour éviter de se retrouver ailleurs sans rien pour vivre. Quant à Pilar, elle avait disparu. Et il voulut savoir pourquoi, même s’il avait déjà une petite idée derrière la tête. Quand il se téléporta, il atterrit chez elle. Il connaissait l’endroit, elle l’avait ramené là une fois. Elle n’était pas dans la même pièce et il tomba sur une employée qui lui demanda tout de suite ce qu’il faisait là. « Rien. » Mais elle n’en démordait pas. « Quoique en fait… » Et il la regarda dans les yeux. Il ne fallut que quelques secondes pour voir le corps de la jeune employée s’étaler au sol, inerte. Elle était morte. Elle n’avait rien fait. Mais il voulait prouver à Pilar qu’elle n’avait pas intérêt à faire du mal à sa sœur, ou bien ça se passerait mal pour elle. Finalement, elle avait réussi à le toucher non ? Son regard avait changé, Pilar avait eu une certaine influence sur lui.

Le sujet de sa famille n'était pas un problème pour elle. Elle ne voyait que rarement ses proches et ça lui convenait. Quant à la question de la honte ou non, elle ne se l'était jamais posé. Alors Pilar haussa les épaules, insensible à sa remarque, comme blasée. A croire que rien ne pouvait la toucher. C'était le cas, ou presque. Et c'était surement sa force. Aucune famille, aucun attachement, rien ne pouvant la dévier de son chemin ou lui offrir des états d'âme à la con. Alors certes, la plupart des gens lui diront qu'on est plus fort à plusieurs que seul. Mais jamais Pilar n'en croira un seul mot. Jusqu'ici, tout marchait parfaitement, rien à changer, donc.
Et plus il parlait, plus elle levait les yeux au ciel, toujours cette mine inerte. Effectivement, elle avait peut être besoin d'un psy. Mais nul doute que s'il lui tapait sur les nerfs, elle se ferait une joie de lui ôter la vie. A éviter.
« Ma stupidité m'a conduite loin, dis donc. » lança-t-elle enfin, lui prouvant encore une fois que si effectivement c'était le cas, elle avait plutôt bien réussi. Contrairement à lui. « Tu sers à rien. » continua-t-elle, alors qu'elle servait à tout, oui. Il avait une grande bouche, le reste ne suivait pas. Pourtant, Pilar avait envie de continuer à l'enquiquiner. Ça l'amusait bien plus que tout le reste. Nul doute, qu'elle reviendrait souvent le voir par pur amusement, même si à l'heure actuelle, sa seule envie était de le tuer.

Postée dans sa maison, se baladant avec son couteau dans la main, elle croisa l'une de ses employés qui fuit la scène aussitôt, connaissait les antécédents de sa patronne, mieux valait-il ne pas rester dans les parages. Il ne se produit rien, comme si Nick avait décidé de ne pas la suivre. Froussard ? Apparemment pas. Débarquant dans le couloir, elle constata qu'un corps se trouvait sur le sol : sa dite employée. Lui, debout non loin d'elle. Son esprit était largement assez développé pour comprendre qu'il venait de la tuer. Point qui ne toucha même pas la jeune femme. Déposant son arme sur un meuble, elle se saisit d'un téléphone présent - il y en avait partout dans la maison - et composa un code, tombant sur l'un de ses gardes. Elle lâcha simplement le mot ménage et celui-ci débarqua quelques instants plus tard. Pilar lui sourit, observant Nick avant qu'il ne lui demande ce qui lui était arrivé. Question de trop. Ce qu'il comprit. Se saisissant du corps, il le tira de toute sa longueur pour s'en débarrasser. Puis elle reposa son regard sur Nick, toujours là. « Tu pourrais au moins faire le ménage. » lâcha-t-elle, absolument pas impressionnée. Non, Pilar était heureuse de constater qu'il venait de commettre un meurtre. C'était le gage qu'il pouvait recommencer et pour elle, peut être. Elle le sentait glisser sur la douce pente des mauvais garçons. S'en était presque excitant. Ça l'était. « Je sens que je vais me prendre le plus monumental des vents. » finit-elle par avouer en prévision de ce qu'elle comptait faire. Alors elle s'approcha de lui, souriant doucement. Aussi peu de fougue ne lui ressemblait pas. Elle se stoppa un instant, réfléchissant, avant de se jeter littéralement sur lui, l'embrassant à pleine bouche, bras autour de son cou, jambes autour de sa taille, le serrant largement trop fort. Chaque situation avait sa dose de violence, celle ci n'y manqua pas car elle le sentit presque vaciller. Oubliant ses idées de le tuer un instant, elle savait aussi très bien qu'il la repousserait incessamment sous peu.

Pilar était différente des autres filles de son âge. Quand il comparait celle-ci à sa sœur qui pourtant avait deux ans de plus qu’elle, il trouvait une différence de maturité. Mais être trop mature pour son âge n’était pas forcément bénéfique, et si elle paraissait impossible à atteindre, elle avait forcément des faiblesses que Nick se ferait une joie de trouver et de pointer du doigt. Mais pour ça il fallait qu’elle lui fasse confiance pour révéler des choses qu’il ne révèlerait pas lui-même, et c’était peine perdue vu la dimension de leur relation actuelle. Ils n’étaient pas amis, ils n’étaient pas plus, pas moins, ils ne se détestaient pas autant qu’ils le prétendaient sinon ils ne se suivraient pas à la trace, ils étaient…rien.

Et selon elle, il ne servait franchement à rien. Bien. Dans ce cas que faisait-elle encore ici ? Il ne lui était d’aucune utilité et elle le savait, alors pourquoi s’acharner ? Il n’était pas là pour servir à quelque chose, il voulait vivre sa vie comme il l’entendait, et non pas comme elle l’avait décidé. Il haussa les épaules, parfois le silence était bien plus utile que la parole et a quoi bon la contredire, elle voulait avoir raison, elle n’écouterait même pas la suite. Peu lui importait.

Nick avait agi sans même réfléchir. De sang-froid, il avait tué cette pauvre femme. Si ça se trouvait, elle avait des enfants, si ça se trouvait elle aurait pu l’aider à faire inculper Pilar. Mais il n’avait pas réfléchi. Il était animé par l’envie de lui montrer qu’elle avait tort. Il fallait qu’il lui prouve quelque chose. Ca en devenait pathétique, lui qui avait été si tenace redevenait aussi influençable qu’un gamin de 4 ans à qui on propose des bonbons. Là debout, il n’avait pas bronché. Il savait qu’elle n’appellerait pas les flics car il lui ferait porter le chapeau en un rien de temps. Non, Pilar se contenta d’appeler une étrange personne qui vint s’occuper du corps au sol, et Nick croisa son regard. Mais il ne le tua pas. Plus tard. Ca serait plus exaltant encore. Elle était loin d’être impressionnée de ses prouesses, d’ailleurs il ne la regardait pas comme s’il était fier de son acte. Mais faire le ménage, hors de question : « Je ne suis pas maitre des lieux, ce n’est pas mon job que de faire le ménage, tu les payes déjà pour ça. » Elle ne voulait pas non plus qu’il devienne son majordome attitré non plus… Son acte était là pour mettre une distance entre eux. Elle n’aurait pas ce qu’elle voulait, il ne cèderait pas. Mais elle avait maintenant un élément de plus pour le faire chanter. Elle pouvait révéler à sa sœur qu’il avait encore tué quelqu’un. Sauf qu’il avait déjà préparé la réponse à toutes ces accusations. Il pensait d’ailleurs qu’elle allait recommencer avec tout son petit cirque, mais elle n’en fit rien. Elle se contenta de s’approcher de lui, avant de s’arrêter. Qu’est-ce qu’elle cherchait ? Il le comprit bien assez tôt. Elle se jeta dans ses bras, comme si elle était heureuse de voir son mari revenir de la guerre, et elle l’embrassa d’une façon qui trahissait son envie, et la violence avec laquelle elle s’accrochait à lui le gênait grandement. Il n’était pas habitué à une telle démonstration, si bien qu’il la poussa violemment en arrière. « Qu’est-ce que tu fais ? » Question rhétorique et forcée ? On dirait puisque tout de suite après, il s’avança de nouveau vers elle et la poussa violemment vers le mur le plus proche, et là il l’embrassa fougueusement, en proie à une violence qui n’appartenait qu’à eux et il lui serrait d’ailleurs un de ses poignets comme pour attester de cette pulsion machiavélique. Surprenant ? Pas vraiment. Mais pour Nick il s’agissait clairement d’une manière d’obtenir ce qu’elle voulait, et il se gardait bien de lui dire qu’à la moindre chose de travers, elle était morte.

Sa soeur ne serait pas contente. Elle allait surement le gronder comme un petit garçon ayant commis la plus stupide des bêtises. Adorable. Nick se garderait surement de lui dire, certes et donc il lui mentirait, bien sûr. Une perspective qui la réjouissait car à cause d'elle, en quelque sorte, il venait de rentrer dans une relation tendue avec sa soeur. Soeur que Pilar voyait comme son pilier. Supprimer le pilier, Nick tombait ? Logique. Et c'est ce que la tchèque voulait. Qu'il tombe et qu'il voit par lui même qu'il n'avait besoin de personne, même si celle-ci possédait le même sang que vous. Finalement la journée qui avait si mal débuté, commençait à se dégager. De belles éclaircies qui lui mettait du baume au coeur. Et tout ça parce qu'un type venait d'ôter la vie à une pauvre femme. Définitivement, Pilar avait un gros problème. Et elle le savait. La souffrance des autres la complaisait. Le pouvoir était son mettre mot. Quant à l'argent, il l'attirait comme un aimant, quitte à passer sur des cadavres. Comment pouvait-on évoluer dans la vie de cette fille ? Lui adresser la parole ?

Elle semblait avoir jeté son dévolu sur lui - fait rare quand on connaissait son compte en banque. Non elle n'allait pas le séduire, pour l'épouser et le tuer, aucun intérêt et la supercherie serait démasqué depuis le début. Mais voilà, ces débuts dans le monde des grands méchants heroes était comme voir un enfant faire ses premiers pas : ça l'éblouissait. Encore plus qu'une belle voiture. Si elle avait été complètement siffoné, elle en aurait presque prit une photo pour l'exposer dans un album. Presque.

S'étant jetée sur lui, sa réaction de rejet fut normale. Quoi qu'un peu violente à son goût. Mais son égo n'en fut pas touché pour autant, ça lui était plutôt égale. En revanche, sa question la troubla. « Je fais une liste de course. » répondit-elle au hasard en haussant les épaules. A quoi s'attendait-il, sérieusement ? Alors qu'elle sembla vouloir se diriger dans une autre pièce pour le planter là, il s'avança vers elle, pour la pousser avec toute la violence possible contre son mur, l'embrassant fougueusement. Ah, elle avait raison, il était fou d'elle, pensa-t-elle, satisfaite. La jeune femme ne broncha pas, alors qu'il serrait fortement son poignet, elle saisit son cou de l'autre, le repoussant en arrière, ne supportant pas d'être celle qui était collé à ce mur. Bien que, niveau force, il la battait largement. Ses mouvements étant limités, Pilar fit la seule chose qui s'offrit à elle : elle mordit sa lèvre. Violemment. Un filet de sang coula, alors qu'elle le repoussa à son tour, s'essuyant la bouche d'un revers de la main, car son sang avait coulé le long de son menton également. Non effrayée par tant de violence, elle sourit sadiquement, trop fière. « Tu veux un pansement ? » demanda-t-elle timidement, comme pour se foutre de lui. Il voulait jouer, ils allaient jouer. Cependant ce goût de sang dans la bouche était écœurant, surtout le sien alors sans réfléchir elle se dirigea dans la cuisine, le plantant là. Après une fouille rapide de l'armoire, elle trouva une bonne bouteille de vin qu'elle déboucha pour se servir dans un verre. Elle put constater que Nick n'était pas loin. Alors, après avoir descendu une gorgée pour se rincer la bouche, elle balança la bouteille dans sa direction - et le manqua, bien sûr. Celle-ci vint s'écraser au sol dans un fracas monstre et ce n'était que le début. La maison, à la fin, serait dans un état lamentable. Et peu importe s'il fallait la faire reconstruire, le jeu en valait la chandelle.

On ne devenait pas quelqu’un de démoniaque, on l’est déjà à la base. Nick faisait-il partie de ces gens-là ? S’il était honnête, il répondrait que non. Parce qu’il n’avait jamais eu un comportement déplacé, pas même envers son oncle, son oncle l’avait façonné ainsi. Alors ne le serait-il jamais un jour ? Il devrait forcément avoir des faiblesses, et il en aurait même s’il cherchait à être le plus machiavélique possible, car il avait bon fond, il ne souhaitait pas faire du mal au fond de lui, et la culpabilité finirait par le ronger. Il pourrait même s’en rendre compte avant de faire un carnage, mais pour ça, il devait ouvrir les yeux, et Pilar cherchait au contraire à les lui fermer. Elle lui faisait un lavage de cerveau, elle voulait quelqu’un à ses côtés. Mais si c’était ce qu’elle voulait, il ne ferait jamais son sale boulot. Elle avait qu’à se débrouiller elle-même, elle qui était selon ses dires, si…parfaite. Sa sœur en revanche le connaissait par cœur, et n’essayait pas de le corrompre, elle savait qu’il ferait toujours le bon choix, même si ça passait par des erreurs. Nicholas avait tant enduré qu’il était normal de ne plus savoir se positionner, mais elle était la seule à être convaincue de son bon fond, le monde entier le voyait comme un criminel.

Criminel qu’il devenait. Il venait de tuer une femme sans défense et ça semblait enchanter Pilar qui avait l’air d’être le monstre premier, celui qui enfante des autres et qui crée sa société au sein de sa communauté, comme les vampires l’avaient fait. Elle maniait les pions depuis le début, et Nick ne s’en était qu’à peine aperçu, il était loin d’avoir dominé les ébats. Il était certes violent, mais avec elle ça ne suffisait pas, elle n’avait peur de rien, elle faisait sa propre loi et elle dictait les règles aux autres. Ils devaient s’incliner. Chose qu’il n’acceptait quand même pas. Il lui montrerait qu’il n’était pas de ceux qui abandonnaient, il était plutôt têtu, et tant qu’il pouvait se relever il le ferait, jusqu’à ce qu’il ait gain de cause. Mais il était sûr que même ça, elle l’avait prévu. Dans ce cas, il devait laisser faire les choses jusqu’à trouver une faiblesse pour la faire chanceler et ainsi reprendre le dessus dans la partie. C’était comme une partie d’échecs. Il y avait toujours moyen de s’en sortir.

Il n’avait pas compris pourquoi elle s’était jetée sur lui ainsi, sans raison, avec violence, comme si elle voulait laisser échapper toute une frustration sur lui, comme si elle le désirait aussi, pleine de paradoxes. Il refusait d’être son pantin, il avait lui aussi le droit de s’amuser un peu. D’ailleurs, il profitait à ce moment, ne se souciant de plus rien sauf de la jeune femme. Ils se rendaient coup pour coup, elle avait d’ailleurs attrapé sa gorge pour le faire reculer, lui qui lui broyait le poignet et qui semblait s’en délecter, ils n’avaient rien de typique, ils étaient même terrifiants à observer. Trop de virulence les emmenait sur un terrain dangereux qu’ils n’allaient pas tarder à expérimenter. Coincée contre le mur, certainement trop proche de lui à son goût, alors qu’il l’embrassait, elle attrapa sa lèvre de ses dents, qu’elle mordit sans relâche, ce qui eut pour effet de détacher Nick tout de suite, qui sur le coup de la douleur avait grimacé et serré les dents plutôt que de crier. Le sang avait coulé par terre, et il lui avait tout de suite agressée en la bousculant : « T’es malade ! » Puis du revers de la main il s’était essuyé la lèvre qui ne cessait de saigner. Se moquant de lui, elle lui demanda s’il voulait un pansement. Question stupide, depuis quand mettait-on un pansement sur la lèvre. Maintenant il se demandait quelle excuse débile il inventerait à sa sœur. Il ne la laisserait pas s’en aller comme ça. Elle s’éclipsa dans la cuisine et il la suivit sans se faire prier. Que faire pour se venger ? Pas le temps d’y penser. Il eut à peine le temps d’esquiver une bouteille de vin qui vint s’écraser au sol. Il se baissa lentement et récupéra un morceau de verre, avant de se jeter de nouveau sur elle, et de l’asseoir sur l’évier, l’embrassant de nouveau avec cette fougue qui leur était propre, et il attrapa son bras d’une main, avant de découper dans la chair de ce dernier grâce au morceau de verre, un N bien marqué. Il voulait qu’elle ait mal, mais ce jeu malsain allait finir en bain de sang. Il ne dit rien, il se détacha d’elle et il contempla le bras de la jeune demoiselle : « Quelle œuvre d’art. »

Dénuée de tout sentiments - quasi - Pilar n'avait pas choisi de devenir démoniaque, la solution était venue à elle toute seule. Comme s'il s'agissait de la plus grande des évidences. Certes, enfant, elle n'avait jamais été sage et possédait son caractère bien trempé qui empêchait ses parents d'avoir un certain maintien sur elle. Mais, et c'était complètement vrai, la tchèque n'avait pas été pire qu'une autre enfant. Peut être un peu turbulente, hyperactive, avec des tendances aux petites bêtises sans intérêt. Rien de plus. Alors, la question qui se posait et que, peut être, les scientifiques voudraient examiner : comme une gamine normale passait au stade de monstre ? A peine vingt ans, que deviendrait-elle dans une trentaine d'années ? Aurait-elle le monde à ses pieds ? Ce sera-t-elle fait prendre à son propre piège ? Morte, peut être, qui savait. Car à défaut d'avoir des amis, c'est sa flopée d'ennemis qui la caractérisait le plus - bien qu'elle s'en fiche. Et si pour l'instant elle inspirait légèrement la crainte via son comportement (ses employés étaient les premiers touchés, vous comprenez maintenant pourquoi ils ne tenaient pas plus de deux mois), il était fort probable qu'au bout d'un moment, ce ne soit plus le cas. Nick, lui, n'avait pas peur. Elle ignorait s'il s'agissait d'une façade ou d'un simple rôle qu'il interprétait. Mais peu importe les raisons pour elle, car il lui tenait tête et c'était surement cela qui l'intriguait, tant elle n'en avait pas l'habitude (même un petit peu).

Mais voilà, elle ne supportait pas cette attitude. Elle voulait le changer, qu'il devienne un autre de ses pions qu'elle manierait avec prétention. Il n'en était pas loin, à un fil ou plus. Et ce lien qui empêchait la tchèque d'agir semblait être sa soeur qui, apparemment, avait le rôle d'ange sur son épaule. Pilar était le démon. Si dans les films, la bonne conscience prenait toujours le dessus, la réalité était toute autre. Du moins la sienne. Car la manipulation dont elle pouvait faire preuve était bien au delà de ce qu'on pouvait imaginer. Ôter la vie, blesser, faire souffrir, détruire quelqu'un.. le choix était vaste et Pilar usait de tout. Pourtant, Nick semblait presque avoir une place différente. En faire un sous fifre, c'était d'une logique. En faire un bras droit, c'était pas mal, non ? Mais la question ne se posait pas pour le moment.

Si elle s'était jetée sur lui c'était avant tout par défi et envie. Parce que cette attitude de groupie la prenait de tant en tant, qu'elle avait des envies irrécupérables et que, surtout, Nick était de la chair fraiche en pleine ascension démoniaque. Et peu importe la suite des événements, c'était l'instant qui comptait. Violente comme jamais, la jeune femme lui avait bien abimé la lèvre, fière d'elle. Dans la cuisine, elle observa Nick venir vers elle et ne fuit pas, sachant pertinemment qu'il lui ferait payer sa morsure. Et même si elle allait avoir mal, sa propre souffrance l'amusait tout autant. Lorsqu'il fut à son niveau, il se jeta sur elle, l'asseyant au prés de l'évier. Elle le sentit saisir son bras et alors qu'elle l'embrassait fougueusement, elle dû se séparer de sa bouche, réprimant un hoquet de douleur. Il taguait dans son bras le N de son prénom. « Je savais que tu étais fou de moi mais pas au point de me marquer comme du bétail. » souffla-t-elle en souriant, essayant d'oublier la douleur qui l'animait. Elle sauta donc de l'évier, laissant le filet de sang couler de son bras, elle lui fera bouffer plus tard. Elle s'approcha de lui, le repoussant encore en arrière, il dû d'ailleurs se prendre une porte d'armoire en plein dos - en espérant qu'il souffre bien. Elle se saisit de ses lèvres, jouant avec celle qu'elle venait d'abimer un peu plus tôt. Pilar passa ses mains sous ton tee shirt, qu'elle retira ensuite avec une force, déchirant au passage une partie sans réellement le vouloir. Puis elle utilisa son pouvoir pour se téléporter dans sa chambre : les deux atterrirent directement dans son lit, elle au dessus. Oh, demain elle regretterait d'en avoir trop fait avec son don. Tenait ses poignets à coté de sa tête, elle se jeta sur son cou ou encore une fois, elle laissa une large marque de dent. Ils finiraient par se bouffer l'un, l'autre. « Je devrais peut être ta taguer un P. » lança-t-elle alors qu'elle observait son torse, nu.

C’était la première fois que Nick agissait de la sorte. Avec son oncle il avait agi sous l’impulsion d’un ras-le-bol animé par une colère noire, car l’adulte alcoolique avait osé lever la main sur sa sœur devant lui. Et parce qu’il se sentait coupable de son geste, et qu’il voulait éviter la prison à sa sœur, il était resté sur les lieux du crime, permettant à la police de déterminer le coupable sans qu’ils ne sachent pourquoi il n’avait pas pris la fuite. Et il avait enduré sept ans de prison. Il aurait pu sortir bien avant, mais il avait eu besoin de se repentir, et il s’était juré de ne plus jamais l’utiliser, jusqu’à ce que ces scientifiques ne tentent des expériences foldingues sur son cas. Après ça, il s’était mis à s’en servir, d’abord tout seul, s’infligeant la pire des fatigues, puis il apprit à le contrôler, au dépend des scientifiques qui ne pouvaient plus rien faire contre lui, avant de pouvoir enfin s’échapper grâce à sa sœur, sans avoir recours à son pouvoir. Il savait à quoi s’attendre, il avait tué un mec, il pouvait recommencer, donc fuir avait été la seule solution, car il avait refusé de passer quinze ans en prison, c’était beaucoup trop long. Il avait perdu ses plus belles années grâce à ça, et il fallait maintenant rattraper le temps perdu, et ça passait par le plaisir de vivre, donc pour lui, le plaisir de la vengeance, le plaisir de tuer. Mais à vouloir jouer on pouvait tout perdre, et la seule chose qui lui restait – ou plutôt la seule personne – était sa sœur. Lui faire du mal finirait par aboutir à un déchainement de sa part, le monde serait anéanti, que ce soit les coupables ou les innocents.

Petit à petit il changeait. Il s’insurgeait, il se défendait, renchérissait, il ne se laissait ni abattre, ni faiblir. Il refusait qu’on lui dicte quoi que ce soit, il ne cèderait pas, le dompter était quelque chose d’impossible. Pilar avait beau réussir à le faire chanceler et à le faire sortir de ses gonds, elle n’obtiendrait certainement pas plus, car il ne lui devait aucune allégeance il était le seul maitre de son destin, malgré l’illusion de maitrise qu’il lui donnait. Pas à pas, il acquérait sa confiance, ou plutôt sa violence, mais il la faisait sienne, et si elle comptait le mettre à genoux comme les autres, il était sûr que ça ne se passerait pas comme ça. Et par leur nouveau jeu, une nouvelle bataille commençait. Ils voulaient l’un et l’autre montrer leur supériorité, si chacun chancelaient, ils n’en démordaient pas, et il était très difficile de pointer du doigt un vainqueur. La maison devrait encaisser les dégâts, qui n’étaient même pas causés par leurs pouvoirs, mais par leur force intérieure même. La volonté de triompher les caractérisait, et là, à l’abri des regards chez Pilar, ni l’un ni l’autre risquait de se faire surprendre par qui que ce soit, que ce soit la sœur ou les flics.

La douleur était vive sur sa lèvre, il l’avait sentie passer, et la lèvre continuait de saigner même s’il s’essuyait du revers de la main à chaque fois. Le jeune homme avait de nouveau agit dans la hâte avec sa riposte sur le bras de la jeune femme. Il aurait pu faire beaucoup mieux, mais il n’avait définitivement pas le temps d’agir, car elle débordait d’idées en tous genres pour le faire plier, ce qui ne l’empêchait pas de s’amuser à le faire, et de laisser transparaitre une envie forte de profiter de la situation bien qu’elle l’ait critiqué plus tôt. La jeune fille démoniaque ne cacha pas sa douleur au contact du bout de verre, lâchant les lèvres de Nicholas. Fou d’elle ? S’imaginait-elle que…Non, elle plaisantait forcément. Ne réprimant pas un rire, il s’amusa de ses dires : « Non. Je veux que tu te souviennes de ta douleur. Je dois être le premier à t’en infliger, n’est-ce-pas ? » Et c’est ce qu’il pensait réellement. Cette femme ne connaissait pas la souffrance. Et il allait lui faire connaitre. Mais il n’eut pas le temps de plus, puisqu’elle le poussa une nouvelle fois en arrière, sa tête tapant directement contre la porte du placard – il ne finirait pas la journée si ça continuait – et elle s’empara de ses lèvres, ravivant la douleur de sa lèvre abimée, qui le poussa, à lui donner un léger coup pour la séparer de lui, ce qu’elle ne fit pas puisqu’elle passa ses mains sous son t-shirt, déchirant la chose comme une vulgaire feuille de papier, et ils quittèrent la pièce, sans même qu’il ne s’en rende compte, tombant sur le lit, dont les ressorts devaient avoir pris un sacré coup. Elle avait clairement compris que pour l’empêcher de riposter elle devait saisir ses mains, ce qu’elle fit en les tenant près de sa tête. Là, elle le mordit dans le cou telle une vampire assoiffée de sang, et il ne put réprimer un léger gémissement tant la douleur était forte. Là, elle se moqua de lui, voulant lui infliger la douleur de son initiale, comme il l’avait fait précédemment, et il répliqua : « A ta place j’éviterais de le faire. » Et il la fit basculer en arrière de toute sa force pour se retrouver par-dessus elle, ses mains posées de part et d’autre de sa tête, la contemplant, avant d’arracher son t-shirt d’une traite, et de fondre sur sa poitrine pour y déposer des baisers, sans la quitter du coin de l’œil, continuant toujours plus de la vider de son énergie, à défaut de pouvoir être trop violent, il savait lui faire du mal, et beaucoup plus que ce qu’elle ne croyait. Reprenant ses lèvres, il sentait son énergie basculer dans son propre corps et il s’en délectait.

Quelle idée lui était passé par la tête le jour ou elle avait jeté son dévolu sur lui. Les heroes prêt à l'aider et facilement manipulable courraient presque les rues. Autant dire qu'elle ne s'était pas facilité la tâche avec lui. Peut être en ayant été plus sympathique dès le début - du genre un petit coucou en prison et jouer la barbie gentille - aurait eu plus d'impact ? Hum, pas sûr qu'ils soit aussi con. Il n'empêche qu'elle aurait pu agir autrement si elle avait réfléchir un peu. Donc elle avait largement manqué de jugeote le jour ou elle s'était téléporté en sa compagnie. Avec certaines de ses relations, Pilar aurait pu le sortir de prison, protéger sa soeur, jouer les grandes justicières, au lieu de ça elle avait fait n'importe quoi. Comme d'habitude. Et maintenant, le tâche devenait rude pour obtenir gain de cause. Il fallait qu'elle trouve une faille, aussi petit soit-elle, et s'infiltrer à l'intérieur. Tenter de le rendre mauvais en était une mais sa connasse de soeur était toujours sur son chemin. Fallait-il éliminer sa soeur ? La question se posait depuis le début.

Depuis son adolescence, Pilar ne s'était plus imposé de limites, chérissant les hommes qui lui apportaient de l'argent et beaucoup de preuves matériels, se délectant de les mener par le bout du nez. Puis, elle avait poussé le vice plus loin, les épousant les uns après les autres, pour les éliminer ensuite. Une voie qui lui était tracé selon certaine langues bien pendues. Elle voyait plutôt ça comme un choix et non son destin. Personne n'était digne d'elle, pas même le plus grand des hommes. La sagesse n'avait aucun intérêt pour elle, la générosité était hilarante quant à la bonté d'âme, autant dire qu'elle lui crachait dessus. Non, décidément, rien ni personne ne pourrait se vanter de la changer un jour.

69, année érotique. Gainsbourg aurait pu la chanter pour eux. Ça n'était pas le cas. Son bras était douloureux. Taguée au vif, rien ne pourrait la soulager. Mais en parfait petit soldat, elle survivrait, ne montrerait rien et pire encore, lècherait ses blessures comme un lion à terre mais pas vaincu. Pilar était comme ça : forte. Il était le premier à lui infliger ça, oui, mais elle ne répondit rien, jamais. Qu'il ne s'imagine donc pas avoir le dessus, qu'il ne prenne pas la grosse tête. Quitte à lui faire bouffer le sol, elle aurait sa victoire. Nick avait beau être fier, la tête relevé, elle la lui ferait baisser comme un petit chien apeuré. Occupée à lui dévorer le cou, elle ne prit même pas en compte sa remarque sur le fait qu'elle ne devait pas lui taguer le torse. Mauvaise réponse. Mais elle n'eut pas le temps de réagir que déjà il inversa la situation et elle se retrouva sous lui, peu contente vu la tête qu'elle tirait. Il lui arracha lui aussi son tee shirt et fondit sur sa poitrine. Pilar poussa un gémissement de plaisir, frissonnant de tout son corps. Mais malheureusement, elle sentait son énergie se dissiper, aspiré à l'extérieur. Oh, elle avait parfaitement compris que Nick s'occupait d'elle de deux manières différentes. Et dans peu de temps il aurait la capacité de faire ce qu'il voulait d'elle. Une situation trop fâcheuse pour qu'elle le laisse faire. Aussi lui colla-t-elle une droite dans la mâchoire, avant de s'énerver comme jamais, secouant jambes et bras pour le repousser, qu'il s'éloigne d'elle définitivement. Elle le repoussa ainsi et d'un dernier coup de jambe le rejeta en arrière avant de se reculer, le regard noir. « Casse toi ou j'te plante ! » hurla-t-elle comme jamais avant de se relever dans un élan rapide, claquant la porte de la chambre derrière elle, ne voulant plus le voir. Paradoxale, Pilar l'était depuis toujours mais elle ne supportait pas d'être la victime et surtout, son envie de dominer avait le dessus sur ses envies sexuelles. Qu'il crève.

Pilar devait croire que le monde gisait à ses pieds. Elle devait penser que Nicholas Shackleford faisait partie de ces hommes qui se laissaient dicter leurs vies par des femmes. En fait, elle avait pu penser ça, en voyant comment il obéissait à sa sœur, qui était plus jeune ; mais elle avait omis le caractère famille. S’il lui obéissait, c’était parce qu’il ne voulait pas lui faire de la peine et que c’était provisoire. A la vue des circonstances, il était normal qu’il lui obéisse, elle l’avait fait évader de prison. Il ne pouvait que la remercier pour ça, mais sa sœur devenait vite un fardeau car elle ne mènerait jamais la même vie que lui, elle devait se mettre dans la tête que leurs chemins devaient se séparer tôt ou tard. Mais ce n’était pas encore le temps, et il fallait rester sur ses gardes en attendant. Ce que Pilar ne faisait pas. Elle semblait toujours foncer tête baissée, mais elle semblait aussi savoir ce qu’elle faisait, elle était loin d’être naïve. En revanche, croire que Nick finirait par lui manger dans la main, ça pouvait l’être. Nick avait l’air d’un garçon charmant, mais on ne pouvait changer son physique. Par contre sa vision du monde oui. Et pour lui il était pourri jusqu’à la moelle ce monde. Comment pouvait-on se permettre de prendre des gens en cobaye ? S’ils continuaient, il les tuerait tous jusqu’au dernier. Et si Pilar voulait apparemment marcher sur le même sentier, ça ne faisait pas d’elle une alliée, au contraire, elle pouvait se mettre en travers de sa route, car ils étaient assez semblables au final. Ca faisait d’elle une ennemie à tout moment, et s’il fallait la tuer, il le ferait, sauf qu’à trop s’amuser avec son pouvoir comme il faisait ces derniers temps, il la rendait méfiante à son égard.

Et elle était justement là son erreur. Elle avait l’expérience de la mort, elle l’avait côtoyée, elle en avait été à l’origine, elle n’hésiterait pas à le tuer avant qu’il le fasse, même s’il avait un avantage de taille avec son pouvoir, mais il ne fallait pas non plus se surestimer. Et tous les deux dans cette maison, on pouvait trouver des désavantages de partout. Pour elle, la force, pour lui la non-connaissance parfaite des lieux, pour elle il était un désavantage, et pour lui, elle en était un. A trop jouer, ils finiraient par perdre plus que quelques gouttes de sang. On ne pouvait prédire où ça les mènerait. Le mal coulait dans leur veine, mais le bien ne les sauverait pas.

Tous deux dans la chambre, leurs corps réclamaient cette confrontation charnelle qui n’avait pas lieu d’être dans leur accord, mais qui pourrait indirectement les rapprocher, ou plutôt les éloigner. Nick n’avait pas vraiment contrôlé, mais il voulait dominer sur tous les ébats, qu’elle soit à sa merci. Ce n’était pas gagné, elle était loin de le vouloir et ça se sentait. Mais pas seulement. Elle réagit très vite et il ne l’avait pas vue venir. Avec la force qui lui restait, elle lui colla un uppercut en pleine poire qui le fit tout de suite défaillir, mais elle continua, agitant les bras et les mains pour l’éloigner d’elle et il ne se fit pas prier. Mais elle lui plaça un dernier coup dans le ventre qui se fit sentir. Se plaçant d’abord une main sur le ventre, cherchant sa respiration, mais son visage retrouva vite fait son rictus habituel, et il se mit à rire de façon sonore. Alors comme ça elle voulait le planter ? Il se délectait à présent de l’avoir foutue en rogne. Elle était plutôt vulnérable comme fille. Mais il ne comptait pas lui obéir pour autant. Sa mise en garde ne l’effrayait pas le moins du monde. Il ne sortit pas de la pièce, non, il se téléporta jusqu’à elle. Son sourire toujours éclatant collé sur le visage, il s’approcha dans son dos, et posa ses mains sur ses épaules, avant de plonger sa tête dans son coup, de la mordre et de lui dire : « Je te pensais plus forte que ça… mais non ça te fait beaucoup de mal apparemment. » Content d’apprendre qu’il avait le dessus apparemment.

Pilar était ce genre de demoiselle qui semblait irréfléchie, un peu folle, voir complètement cruche. Le genre qui agit absolument sans réfléchir et qui donc, était victime de ses propres idées. Ce n'était qu'une apparence totalement fausse. Elle pensait énormément et à tout généralement, surtout à l'après, comme si elle avait à coeur de penser à toutes les situations, d'imaginer toutes les parades possibles pour ne pas se faire surprendre. Et c'était là tout son problème : elle détestait les surprises. Chez elle, tout devait être réglé au dixième près, rien ne devait jamais dépasser et si quelqu'un avait le malheur de briser cette équilibre, elle n'en faisait qu'une bouchée. Au final, en l'étudiant un peu, on pouvait facilement comprendre qu'il était simple de la décontenancer, de la faire perdre ses moyens. Peut être que Nick avait très bien compris comment faire, inutile de préciser que Pilar ne le supporterait pas et donc, se vengerait bien sympathiquement. Pourtant, elle appréciait qu'on la pense naïve et tout à fait innocente - vu son gabarie aussi. Elle prouvait ensuite, sous peu, que ça n'était pas le cas. Méfiez vous de l'eau qui dort, des apparences, les adages ne manquent pas et tous collent parfaitement à la peau de la jeune tchèque. D'ailleurs, elle semblait être le stéréotype de la parfaite jeune fille de l'est : avide d'argent et écrasant tout sur son passage. Une mauvaise image qu'elle adorait cultiver, plus que tout. Au point d'ôter la vie sans se sentir coupable, avec ce petit sourire narquois collé aux lèvres. Pilar était toxique et le mieux pour chacun était de rester loin d'elle. Mauvaise pioche pour Nick.

Le pauvre - elle n'en pensait rien - se prit d'ailleurs le poing de la jeune femme. Ouch, ça devait faire mal. Mais alors qu'elle se trouvait dans le couloir, elle l'entendit rire sournoisement. Ce qui aurait exaspéré n'importe qui, la fit sourire grandement. Nick n'était pas si différent d'elle, c'était juste un petit chiot qu'il fallait éduquer à la violence. Retirez sa muselière et voilà la bête lâchée. Dans son fort intérieur, Pilar savait qu'il se repointerait via son pouvoir et c'est ce qu'il fit - prévisible. Mais du mauvais côté : dans son dos. Elle n'eut pas le temps de réagir que déjà elle sentit ses mains sur ses épaules, son souffle et ses dents dans son cou, ce qui lui arracha un cri de douleur, avant qu'elle ne s'éloigne vivement de lui, massant la marque qu'il lui avait fait pour atténuer tout ça. « Tu utilises ton pouvoir sur moi parce que t'es incapable de faire sans. Tu serais trop faible sinon. » cracha-t-elle, maligne. Mais c'était bien ça : il la vidait de ses forces. N'y avait-il pas un autre moyen pour ça plutôt que de choisir l'option de la facilité ? Pilar était paradoxale : elle voulait qu'il utilise son pouvoir et la, le lui reprochait. Difficile à suivre ? A peine.
Dans un élan, elle s'approcha doucement, déposant ses mains sur son torse nu, souriant comme s'il était une pomme d'amour bien mûre, bien rouge qu'on avait envie de déguster sur le champs. « Fatigue moi autrement. » murmura-t-elle en s'approchant de son oreille, pleine de sous entendus, une expression salement sexuelle sur le visage. « Enfin si t'y arrives. » Évidemment. Pilar sans provocation n'était plus Pilar. Nick l'avait foutu en rogne, mais son envie de lui ne s'était pas éteinte, bien qu'elle déteste se sentir vulnérable et faible. Elle espérait le voir arrêter avec ça, juste l'espace de.. oh, allez.. 10 secondes ? Le temps qu'il la saute en bonne et due forme. Même pas sûr qu'il soit doué pour ça.

Pilar croyait détenir l’exclusivité. Elle croyait avoir réussi l’impossible : elle croyait être parvenue à déchainer le monstre qui dormait en lui, mais c’était faux. Il ne l’avait pas attendue, et si sa sœur parvenait à le contenir, il n’était pas de ceux qui se disaient adorables. Il méprisait le monde entier, et s’il n’avait pas été un garnement, une tragédie change un homme. Personne ne savait dans quelles circonstances il avait vécu, ni ce qui s’était passé en prison, et peut-être que si Pilar avait su, elle aurait évité de l’approcher. En attendant, elle était toujours là, fière, croyant qu’elle dominait la danse. Mais Nick lui réservait quelques surprises, et elle devrait s’y attendre si elle ne voulait pas en pâtir. Tous deux avaient plus d’un tour dans leur sac, mais si l’un se méfiait de l’autre comme de la peste, l’autre ne pensait qu’à lui faire payer.

En tout cas Nick s’amusait. Il avait l’air de se délecter de chaque tournant, même s’il avait légèrement souffert, il aimait bien jouer avec elle. Il ne savait pas vraiment où ça le mènerait, mais plutôt que d’être à la merci de la jeune femme, il espérait bien renverser la situation et en faire un de ses pions. Ce n’était pas une tâche facile, mais il se disait prêt pour le challenge, et s’il y parvenait, il pouvait accomplir de grandes choses avec elle à ses côtés, un sbire dont tout le monde rêve : elle était belle, pouvait corrompre n’importe quel homme et elle avait un gros caractère ce qui pouvait l’amener à se sortir de situations folles. Ainsi elle pourrait agir à sa place, et il n’aurait pas besoin de lever le petit doigt, il n’aurait qu’à imaginer des plans machiavéliques. Mais est-ce que ça valait le coup ? Car c’était ce qu’il y avait de plus amusant. Se mettre en danger et se sortir d’une situation avec brio, c’était ça la vraie vie pour lui. Alors peut-être qu’il ne voulait pas qu’elle devienne un de ses sbires, il devait songer à d’autres projets pour elle, mais il n’en était pas encore là. Elle venait de crier après qu’il se soit servi de ses dents pour lui infliger une nouvelle douleur. Ca avait marché, et elle se détachait de nouveau, s’éloignait même, ce qui prouvait bien qu’elle le craignait. Mais elle lui reprochait une chose, il ne savait pas faire sans son pouvoir selon elle. D’un sourire, il lui répondit tout de suite : « C’est toi qui parle ? Sans ton pouvoir tu ne serais rien, ou peut-être en taule…Mais je t’assure, ça t’aurait formé. » Il haussa les épaules, et il ajouta même : « T’es naïve tout de même… Si j’étais toi, je n’avancerais pas des choses sans preuves… » Elle n’était pas si terrible en fait.

D’ailleurs, signe qu’elle ne pouvait lui résister, elle s’approcha de lui, et elle le défia de trouver un autre moyen de la fatiguer, ce qui signifiait finir ce qu’ils avaient commencé un peu plus tôt et sans se servir de son pouvoir – ça c’était vite dit, il s’en servirait en cas de stricte nécessité. Ses mains posées sur le torse de Nick, elle explicitait la chose. « Il existe donc bien une véritable faiblesse chez toi. » Il jouait avec elle, car elle se plaisait à dire qu’il n’était pas doué. « Je gagne quoi en échange ? Car, si toi tu prendras ton pied, moi, ça ne m’apporte strictement rien, les femmes sont toutes les mêmes. » Pas sur que ça lui fasse plaisir, d’ailleurs, elle aurait certainement de la difficulté à lui lever ce sourire du visage.

Allez savoir pourquoi, Pilar aimait bien Nick. A sa manière, certainement, avec un peu trop de violence et d'envie de dominer, aussi. Ce qui n'avait pas vraiment d'explications. Elle ne se retrouvait pas en lui, n'avait pas vécu les mêmes histoires, rien de cette tranche là. Ça ne l'empêchait pas d'avoir envie de le garder sous le coude et d'en faire sa nouvelle recrue. Elle n'en avait jamais eu, par envie de rester seule et de se débrouiller, croyant qu'à plusieurs il y aurait forcément une merde à un moment ou un autre. Mais lui, semblait si différent. Son passé de prisonnier l'obligeait à faire attention à tout et c'est cette qualité là qui l'intéressait, en plus de son pouvoir qui permettait d'éliminer n'importe qui d'un seule regard. Bien que très con, il avait beaucoup de qualités - qu'elle ne lui avouerait pas - mais qu'elle voulait extorquer.

Pilar avait toujours été comme ça : joueuse. Il y en avait eu beaucoup avant Nick, bien qu'elle ne soit pas allé aussi loin au point de détruire sa maison et de taguer sa peau. Non, ça, c'était bien nouveau. Pas la violence, mais la manière de la pratiquer. Peut être avait-elle enfin mis la main sur un joueur digne de ce nom ? Avec un peu de chance oui, mais il ne serait jamais son égal, elle se sentirait toujours bien meilleure que lui, malgré son pouvoir plus important et sa masse corporelle. Ça ne lui faisait pas peur. Elle ressemblait à un petit caniche déguisé en rottweiler qui mordait tout ce qu'il trouvait, Nick avec. « Moi au moins j'utilise le mien pour éviter la taule, toi tu t'es presque jeté dedans comme un petit débutant. » cracha-t-elle alors car il aurait parfaitement pu éviter ça mais non, pauvre petit, il y était allé. Brave bête. Il avait du acquérir sa force là bas, certes. Un point positif au moins. « Naïve ? C'est toi qui a tué mon employé juste pour prouver que tu étais un vilain garçon.. Pour ME le prouver.. et c'est tout à fait ce que je voulais. » Manipulé ? Complètement et elle appréciait tellement ça. « Tu sais qu'elle avait une famille ? Des enfants ? » Pilar essayait de le toucher, de titiller son côté trop humain qui ne lui allait pas, lui prouvant peut être ainsi, qu'il serait toujours au dessous d'elle. Elle avait toujours eu besoin de se sentir supérieur à n'importe qui : homme, femme, friqué ou non. Une psychologue lui dirait déjà que sa triste enfance y était pour quelque chose. Elle n'en avait franchement rien à foutre.

Ce qu'il gagnerait en échange ? Faisant mine de réfléchir, elle posa son index sur sa bouche, prenant cet air intelligent, regardant un peu partout autour d'elle. Un sourire satisfait vint se poser sur son visage, tandis qu'elle tapota son épaule comme un brave petit chien. « Absolument rien. » répondit-elle alors de manière innocente. Mais qu'il ne s'imagine pas qu'elle était une gagnante dans l'histoire non plus. Elle avait jeté son dévolu sur lui, elle pouvait très bien le faire sur quelqu'un d'autre. « Oh mais j'ai une idée. » Et elle s'exécuta. Elle lui mit une baffe de sa main gauche, puis changea pour la droite. « Ça te plait ça ? » demanda-t-elle sans attendre une seule réponse alors qu'elle continuait à se défouler sur lui. Finalement elle commença à le frapper sur le torse, tant il l'énervait et choisit ensuite un endroit plus stratégique, lui assénant un coup de genoux dans les parties intimes. « T'en veux encore ? » hurla-t-elle presque en le repoussant violemment contre le mur. Si elle pouvait lui jeter un vase à la gueule, elle l'aurat fait, malheureusement il serait bien trop abimé pour servir à ce moment là.

Pilar et Nick finiraient par s’entretuer. Rien ne les liait, ils n’étaient rien l’un pour l’autre, et s’étaient embarqués dans un jeu malsain qui les perdraient. Ils aimaient se faire du mal – et évidemment, sans se connaitre, ça passait par une violence physique plutôt que morale, bien qu’elle semblait avoir étudié le cas Nick par le passé – et ça courait à leur perte car ils ne se concentraient pas sur le reste. Ainsi ils ne détruiraient pas le monde, ni le mettraient à leur merci, ils finiraient par se faire exploser, et le monde serait sauvé. Enfin, si ça continuait ainsi, mais inutile de préciser qu’il viendrait un moment où Nick en aurait marre de jouer au chat et à la souris, Tom et Jerry le remix, très peu pour lui. Pourtant il y avait cette attirance indéniable entre eux, ça coulait de source, ils se détestaient, mais pas tant que ça. Sinon, ça ferait belle lurette que l’un d’eux se seraient enfuit. Mais en fait ca n’avait peut-être rien à voir. Peut-être qu’ils voulaient juste s’attacher les services de l’un et l’autre, et c’était tout. Mais dans ce cas, qu’attendaient-ils ? Surement que l’un des deux se fassent dominer pour abdiquer.

La confiance en soi leur prodiguait une force que peu pouvaient s’offrir, car sans confiance on ne parvenait à rien. Ces deux-là étaient peut-être même trop confiants, et semblaient intrépides, le danger ne les effrayait pas, au contraire il les excitait. Ainsi, même quand l’un prenait le dessus, ils trouvaient toujours quelque chose à redire, quelque chose à répondre, tout ça grâce à la confiance qui les animait. Et c’est pourquoi Nick trouvait qu’avoir passé sept ans en taule, c’était tout sauf une erreur. « Je ne crois pas non. Si j’y suis allé, c’est que j’avais mes raisons, et puis sans ça, tu n’aurais jamais pu me rencontrer, adieu le service que tu veux tant que je te rende. » Il n’insinuait pas qu’il allait le faire, bien au contraire, ce n’était pas en projet. Qu’elle lui rende un service, pourquoi pas, mais l’inverse, jamais. Et puis, c’était la prison qui avait achevé de transformé le jeune garçon que Nick était en bête féroce et violente qui rappellerait très certainement son oncle. A vivre avec une personne, on finissait par prendre quelques manies de cette dernière. Maintenant elle lui prouvait par a+b que c’était elle qui menait la danse et lui qui était naïf, et il se mit à rire. « Non. Tu fabules là. C’est ce que tu aurais aimé. La seule raison pour laquelle je l’ai tuée c’est parce qu’elle s’était mise en travers de ma route et qu’elle cherchait à te protéger. Pauvre femme. Elle aurait pu vivre loin de toi, mais elle a décidé de se sacrifier. C’est triste. » Mais voilà, elle cherchait à lui provoquer des remords, ce qui était très bien tenté, mais malheureusement pour elle, il n’allait pas en avoir aujourd’hui, et il haussa les épaules, arquant un sourcil : « En quoi ça me concerne ? J’en ai rien à foutre. Elle savait à quoi s’en tenir en travaillant pour une fille comme toi j’imagine. » Voilà qui était dit. Il lui faisait porter le chapeau, sauf qu’elle s’en foutrait comme de l’an quarante. L’incident était clos.

Nick aurait du une nouvelle fois rester sur ses gardes. Il croyait que le jeu était anodin, mais pas tant que ça, car après avoir fait mine de réfléchir à ce qu’il pouvait y gagner, la jeune femme devint subitement violente, sans aucune raison, et lui mit des claques suivies de coups de poings, avant de finir par l’achever par un coup mal placé. Elle le poussa ensuite, lui hurlant dessus, alors qu’il n’avait toujours pas riposté, sonné, non pas par les premiers coups, mais par le coup de genou, qui lui avait été extrêmement douloureux. Il mit d’ailleurs un long moment avant de se relever, tête baissée. Elle ne pouvait pas le voir, mais le garçon avait un rictus en coin très net, et son regard avait changé, lui qui avait un regard bleu envoutant, possédait maintenant un regard de psychopathe revanchard. Ca ne présageait rien de bon. D’ailleurs il se téléporta à une vitesse incroyable dans toute la pièce, interchangeant à chaque fois, essayant de semer le doute dans la tête de Pilar, mais il ne la quittait pas des yeux, et s’empara de nouveau de son énergie. Il se foutait complètement de ce qu’elle avait dit plus tôt, il allait s’occuper de son cas, et d’une autre manière, il n’allait pas être tendre. Il se concentrait tellement qu’il parvenait à la vider par à-coups violents de son énergie, et elle ne tarderait pas à en mourir s’il continuait. Il arrêta de se téléporter, et il la saisit par le cou, la soulevant, la regardant vivement dans les yeux, et il la lança avec force contre le mur. Cette scène en choquerait plus d’un. Après ça, il la releva et la placarda une nouvelle fois contre le mur, la maintenant avec force, il n’avait pas cessé de la regarder. Là, il l’embrassa à pleine bouche et arracha son soutien-gorge, alors qu’il plongeait dans son cou cessant alors de l’affaiblir, mais s’occupant de la blesser de ses baisers virulents qu’on aurait pu apparenter à ceux d’un vampire. Elle aurait peut-être du réfléchir à deux fois avant de le frapper, car le pire était à venir…

Il avait raison, sans taule, son petit plan tombait à l'eau. Mais bon, sans son séjour, il ne serait surement pas tombé sur elle, ce qui n'était pas négligeable vu la folie qui l'habitait. Peu importe, elle haussa les épaules. « Que tu vas me rendre. » rectifia-t-elle alors, car elle ne s'avouerait jamais vaincu. Elle le pourchasserait jusqu'à obtenir gain de cause, quitte à risquer sa vie. Premièrement elle n'avait pas peur de la mort. Deuxièmement il devait bien savoir qu'elle ne lâcherait pas l'affaire, donc s'il avait souhaité la tuer, il l'aurait fait depuis longtemps. Du moins elles l'espérait. Les négociations seraient dures avec celui-là mais Pilar ne voulait pas lui offrir quelque chose en échange. « Tu veux dire qu'elle est juste passé au mauvais moment. » rectifia-t-elle une nouvelle fois. Car bien que ses employés soient tout à fait dévoué à elle, nul doute qu'il ne se sacrifierait jamais pour ses jolies yeux. « J'en déduis donc que tu as envie de me voir morte. » Information intéressante, à prendre en compte pour la suite des évènements.

Le coup qu'elle lui avait assené avait eu son effet. Fière d'elle, Pilar fit quelques pas en arrière, un sourire satisfait collé sur le visage. Mais il ne fallu que quelques instants à Nick pour se reprendre et donc, se venger d'elle. Il utilisa son propre pouvoir et se téléporta à plusieurs endroits de la pièce à une vitesse folle, ce qui obligea la jeune tchèque à pivoter sur elle même à plusieurs reprises. Diable, ce qu'elle détestait le voir utiliser son don. Mais plus elle bougeait, plus elle se sentait défaillir, ils combinaient les deux. S'il avait continué pendant un temps, elle se serait sans doute effondrée sur le sol mais il se stoppa. Eh bien qu'elle ne soit pas morte, elle se sentait faible. Sa fête n'était pas fini. Pilar n'eut même pas le temps de reprendre ses esprits que déjà il la saisit par le cou, la soulevant en l'air pour la repousser violemment contre un mur, ce qui lui coupa net la respiration, tandis qu'elle glissait le long de celui-ci, complètement amorphe, le regard vide. Riposter ? Elle n'en avait pas la force. Mais Nick revint à la charge pour la relever de lui même, l'embrassant à pleine bouche et lui arrachant son soutien gorge au passage. Tandis qu'il se jeta dans son cou ou elle sentit ces dents se planter dans sa peau ce qui lui arracha un cri de douleur. Visiblement, rien ne s'arrêterait tant que l'autre serait encore debout. Et à ce jeu malsain, Pilar n'était plus sûr de gagner, ce qu'elle se garda bien de lui dire. Ses forces s'éteignaient au fur et à mesure, ça se voyait sur son visage. D'une mains elle saisit alors le visage de Nick, souriant à peine. « Tu veux toujours pas t'avouer vaincu ? » lança-t-elle sur un ton de plaisanterie. Son autre main libre, elle, farfouillant sur un meuble qui se trouvait à gauche. Elle se saisit d'ailleurs d'un objet, un cadre photo à première vue et d'un geste rapide elle le claqua sur la tête de Nick. La vitre se brisa, tandis qu'il lâcha un peu son emprise et qu'elle le fit basculer au sol. Pilar tomba à son tour sur les genoux, reprenant son souffle mais ne se sentant vraiment plus dans son assiette. Elle passa une main dans son cou ou elle avait horriblement mal. Puis se retourna vers lui avant de se relever difficilement tant elle souffrait de ses diverses blessures. Revenant vers lui elle se jeta littéralement sur son pantalon qu'elle retira en peu de temps, essayant de le maitriser comme elle le pouvait, avec le poids de son corps. C'est là qu'elle se saisit d'un bout de verre qu'elle planta directement dans sa cuisse, pas bien profond certes vu les capacités qu'il lui restait. Et puis sans réellement le vouloir, elle finit par s'effondrer à côté de lui, comme une masse, la respiration rapide. Il lui aurait fallu quelques instants pour reprendre ses esprits mais elle savait pertinemment qu'il la prendrait en traitre pour la découper à son tour. Et qu'encore une fois, elle réussirait à se venger.

Décidément, elle était persuadée qu’il finirait par lui rendre un service, et lui était persuadé du contraire. Puisque ça ne lui apportait rien, il ne lui rendrait aucun service, il considérait qu’elle ne lui avait pas sauvé la peau, puisqu’en la rencontrant, il s’était mis dans de beaux draps. Mais tout ceci était agréable, il s’en délectait, il adorait jouer au chien et au chat. Pourtant, ce n’était pas comme s’il le faisait avec tout le monde, en ce moment il était plutôt la souris qu’on poursuivait, mais avec Pilar tout était différent, c’est comme si leur jeu était plus important que le reste. Intriguant certes, mais le danger l’avait toujours attiré il fallait dire. « Ne comptes pas trop la dessus. T’es bien gentille mais j’ai autre chose en tête que de te rendre un service. » Pourtant, il y avait bien un cas où il pourrait lui rendre ce service, mais il fallait qu’il obtienne quelque chose en retour, et que cette chose lui convienne. Autant dire que ce n’était pas gagné pour la tchèque qui devrait songer à faire des sacrifices si elle voulait s’attacher ses services pour une fois. « Enfin tu sais déjà la seule condition qui verrait mon nom se transformer en oui. » Par contre, s’il avait envie de la voir morte c’était une bonne question. Il ne pouvait pas répondre positif, puisqu’il s’amusait bien même s’il souffrait physiquement c’était un jeu qu’il ne retrouverait avec personne d’autre, et elle pouvait aussi devenir un de ses sbires, donc non il ne voulait pas la voir morte, mais si elle dépassait les bornes, ça pouvait changer, il n’était pas définitif sur un tas de choses. Il haussa donc les épaules. « Crois ce que tu veux Sherlock. » Ce surnom, c’était pour la déduction hâtive.

S’avouer vaincu ? Non jamais. Ce n’était pas le genre du garçon. Tant qu’il tenait debout, quoique même s’il devait ramper, il ne renoncerait pas. Elle était là sa force, elle était indéniable : la force de caractère de Nick pourrait en étonner plus d’un. Elle jouait elle aussi, alors il était évident qu’il ne capitulerait pas. D’ailleurs, même s’il était sur ses gardes, c’était presque comme s’il la laissait lui faire du mal pour se venger derrière, il était revanchard et c’était aux dépens de la jeune femme. Leur petit jeu puait de toute façon la séduction, elle était là l’explication, ils se rendaient coup pour coup parce qu’ils ne voulaient pas être la personne séduite, mais le fruit de la tentation. Pilar réagit donc, et s’empara d’un cadre photo, qui dans un choc s’écrasa sur la tête de Nick qui ferma très vite les yeux pour ne pas prendre un morceau de verre dans ses orbites, lui qui avait besoin de ses yeux pour que son pouvoir fonctionne. Il vacilla tout de même se protégeant, et elle en profita pour le faire tomber au sol, où il retomba sur le dos avec fracas, et il porta une main à sa tête. Lorsqu’il la ramena vers ses yeux, il constata que du sang s’échappait de son crâne et qu’elle l’avait de nouveau blessé. Alors il posa la main sur son crâne, comme pour constater l’étendue de la blessure. Ca ne semblait pas grave, mais c’était douloureux. Il avait l’impression d’être un hooligan à présent. Pilar entre temps s’était laissée tomber au sol, entrainée dans la chute, et semblait avoir beaucoup de mal à récupérer, ce qui fit sourire le jeune Shackleford a nouveau. Mais elle ne se reposa pas longtemps, elle se jeta sur lui, s’attaqua à son pantalon, pour lui planter un morceau de verre dans la cuisse qui lui arracha un gémissement malgré la faiblesse du coup et l’entaille mineure. Il retira le morceau de verre d’un coup sec, alors qu’elle tombait de nouveau à côté de lui, et il sourit d’une façon machiavélique. « Et tu veux que je te fatigue autrement ? Mais t’es déjà épuisée, t’es faible tu tiens pas debout. » Il se releva, chancelant tout de même légèrement. « Lève-toi. » Puis il reprit, lui balançant une menace : « Je pourrais te tuer maintenant. Lève-toi ou je t’achève, t’en vaux pas la peine. » Il devait surement être à court d’idées. Il la regardait de haut, mais il avait cessé de lui faire du mal, à elle qui n’avait plus que son sous-vêtement comme protection, elle ressemblait à une femme désabusée.

Et qu'avait-il en tête qui faisait qu'il ne pouvait pas lui rendre un service ? Sa propre survie, celle de sa connasse de soeur. Futile (selon elle). Elle lui apporterait toujours plus que ça mais n'était pas prête à céder sur le prix de ce prétendu service. Ce qui n'avait aucun sens, la discussion n'y changerait donc rien. D'ailleurs Pilar ne lui demanderait même jamais ce qu'il voulait en échange, ça laisserait entrevoir une brèche dans son propre système et il s'y engouffrerait comme une vermine. Très peu pour elle. Pas de sacrifices. « Tu crains. » lança-t-elle finalement en haussant les épaules, laissant la suite des évènements en suspend. Au mieux il changerait d'avis de lui même, au pire elle reviendrait encore à la charge, comme d'habitude. Quant à l'idée de la voir morte, elle ne semblait pas lui convenir, toujours pour le moment. Prenez ça comme une bonne nouvelle, ce ne fut pas son cas. Ça signifiait juste qu'il était en phase d'amusement et une fois lassé, il la renverrait dans le royaume des morts. A moins qu'elle ne le fasse avant. Tout était une question de calcul encore une fois et à ce jeu là, Pilar était plutôt doué, bien qu'elle ne connaisse que très peu les capacités de son adversaire.

Allongée par terre, il lui restait bien peu de forces. Pas assez pour s'éclipser, ni pour se relever rapidement et fuir. Le seule chemin qui s'offrait à elle était de rester là, Nick ne ferait donc qu'une bouchée de sa personne sous peu. A vrai dire ça ne lui posait pas vraiment de problème qu'il se venge sur elle, la torture, la tue même, ce qu'elle ne manqua pas de préciser en réponse à ses paroles. « Nan. » souffla Pilar en poussant sur ses bras pour se redresser, s'aidant ensuite pour ramper légèrement en arrière et donc s'adosser contre le mur de la chambre. Les bras croisés sur sa poitrine pour la cacher, fixant Nick sans ciller. Lui, debout, était désormais le bourreau et elle, à terre, semblait être une victime. En apparence seulement. Il la sommait de se lever, la menaçait même, mais de son point de vue, l'un ou l'autre n'y changerait pas. « Tu m'achèveras dans les deux cas, assise ou debout. » précisa-t-elle en haussant les épaules avant de poser son propre regard sur sa personne. De minces filets de sang coulaient un peu partout : des morsures, des entailles. Son corps entier lui était douloureux. Les bleus ne tarderaient pas à faire leur apparition. Elle avait l'air de s'être fait agresser dans une rue sombre, à moitié à poil. Elle était vulnérable, c'est ce qui ne lui plu pas. Dans le sens ou toute cette violence aurait pu être utiliser à meilleure escient, à gagner de l'argent et éliminer des gens, donc. « D'ailleurs tu devrais le faire. Vu l'état de la maison, on croirait presque à.. un cambriolage qui aurait mal tourné. Et tu pourras nouveau fuir et te cacher comme tu sais si bien le faire. » Énième provocation de sa part mais s'il prenait ses paroles au pied de la lettre, la demoiselle ne ferait plus long feu sur cette terre. Bien que persuadée qu'il ne la tuerait pas. Pas aujourd'hui du moins. « C'est ça ton truc hein ? Fuir comme un toutou. » continua-t-elle. « En fait t'avais raison de pas me rendre service. On est jamais mieux servis que par soi même. Tu peux retourner à la futilité de ta vie et me buter avant de partir si tu veux. Mais salit pas le tapis par pitié, il vaut une fortune. » Plaisanter même dans les pires moments, tout un art à la tchèque.