VHAALLEN ✙ provehito in altum [terminé]

ANECDOTE PREMIÈRE.
« Je me souviendrai toujours de cette nuit, elle me martèle l’esprit dès que j’ai le culot de me fermer les yeux. Il y avait une de ces pluies torrentielles qui tombait sur le monde, comme si les Dieux n’en finissaient plus de pleurer. Pleurer qui ? Pleurer quoi ? Je l’ignorais et je crois que je ne le saurai jamais de toute ma vie. Les rues étaient complètement vide, comme si la mort avait tout balayé après 22 heures. La nuit était tombée rapidement, amenant avec elle toute la joie de vivre des citoyens en une belle journée de juin. À la place, elle apportait ses cinglés, ses criminels et ses junkies qui n’avaient visiblement rien à foutre des bons habitants et de leur petite vie tranquille. Rien à foutre du monde. Rien à foutre de rien, si ce n’était que de se retrouver en tête à tête avec son dealeur pour s’évader vers on ne savait trop quelle galaxie, complètement déconnectés. Et moi, imbécile que j’étais, j’errais à travers tout ce cirque sans réellement comprendre pourquoi, ne voulant qu’observer, ne voulant qu’un instant de paix. Peut-être que c’était ce qui nous reliait après tout ; ils cherchaient un endroit clos, caché de tout pour ne pas se faire prendre, exilés de tous les regard. Moi, je cherchais le silence et le calme, où je n’entendrais que mes pensées envahissante et le bruit continuel de mon propre souffle pour les atténuer. Oui, c’était tout ce que je voulais. En sortant de la sorte, j’avais l’impression de quitter ma solitude étouffante et de me retrouver seul face contre le monde et ses horreurs. J’étais toujours seul mais au moins, je ne le sentais pas.

Je connaissais bien les dangers que mon périple impliquait, mais apparemment, je ne les avais jamais réellement mesuré pour en prendre conscience pleinement. Des bruits de pas se faisaient entendre derrière moi ; jusque là, rien de bien alarmant, je n’empêcherais surtout pas les autres de traîner sur le trottoir. Si seulement j’avais su ; tout se passa tellement rapidement qu’encore aujourd’hui, j’en deviens étourdi qu’à y penser. Plusieurs hommes surgirent d’une ruelle, un m’agrippant les bras derrière le dos, deux autres pour m’empêcher de m’enfuir et un dernier pour me foutre un couteau en dessous de la gorge. « Donnes nous ta monnaie. Maintenant. Tout ce que tu as ou je te jure que j’t’enfonce ce couteau dans le ventre. » Mon premier réflexe fut de lui cracher au visage. Immédiatement, je vis son regard se tordre en une grimace de dégout, cette mimique étant suivie rapidement par son poing entrant en contact violement avec ma joue, puis mon ventre. Plié en deux, son acolyte me jeta sur le sol, dans un éclat de rire. « Tu nous donnes tes affaires maintenant ? » Je ne voyais plus leurs yeux, mais je savais très bien que si sa tête de drogué voulait me planter son sale poignard dans les tripes, qu’il n’hésiterait pas une seule seconde. « Hé ! Lâchez cet homme où j’appelle la police ! » Mon messie : une jeune homme dans la trentaine, travaillant dans un commerce miteux au coin de la rue menaça mes persécuteurs. Immédiatement, ces derniers me relâchèrent et se jetèrent sur lui pour lui vendre les mêmes menaces. Ce fut la première fois que je pensai à utiliser mon pouvoir pour sauver un homme. Me relevant avec énormément de peine, je réussis à m’agripper à un poteau électrique, canalisant l’énergie pour la renvoyer sur le chef de la bande. Un éclair jaillir de ma main lorsqu’elle entra en contact avec son dos ; un immense arc lumineux traversa son corps pour finalement aller s’éteindre dans le corps du pauvre commerçant, avec lequel le junkie avait un contact corporel. Mes yeux se figèrent dans la panique lorsque je vis son corps secouer du fruit de ma vengeance, vengeance qui n’aurait jamais due être redirigée vers lui. Son corps se fracassa sur le trottoir, en même temps que celui du tyran. Ses acolytes, effrayés, s’enfuirent sans demander leurs restes et il ne resta plus que moi, face à deux corps. »

Je ne suis qu’un monstre. « Docteur Hart, nous sollicitons votre présence aux laboratoires. Vos recherches sur la modification génétique des humains et des pouvoir surnaturels des Heroes ont fait grandir l’industrie. Nous vous devons toute notre reconnaissance et souhaitions que vous réintégriez l’équipe. Bien sûr, considérant votre excellent travail, une promotion et une augmentation de salaire pourront être discutés avec votre supérieur. Au plaisir de vous ravoir parmi nous. » Comment ? Pour recréer d’autres gens comme moi ? Pour qu’à leurs tours, dans un élan de maladresse, sèment le malheur autour d’eux ? Jamais. Les Heroes sont des monstres que nous devrions expulser de notre société. Moi y compris. L’humanité n’est pas faite pour vivre comme dans les films. Parce que dans les films, ça se termine toujours bien. Pas ici. « Knox, je t’en prie. Les laboratoires t’ont déjà envoyés des dizaines de lettres à ce sujet et je sais pertinemment que tu ne les ouvre point. Nous avons besoin de toi, nous devons avancer encore dans nos recherches. Nous sommes sur le point de faire la plus grande découverte de tous les temps. Nous pourrons changer l’humanité. Sans toi, je n’y serais jamais arrivé. Je t’en prie, donnes moi un signe de vie, Papa. » Quoi ? Maintenant je ne suis plus que ton cobaye ? Tu as réellement besoin de moi ? Alors, pourquoi m’as-tu exclu de tous tes plans après nos expériences ? Pourquoi t’es tu donné tout le crédit alors que j’ai fait le plus grand de tous les sacrifices pour ce laboratoire ? Je ne suis qu’une de tes nombreuses expériences et je ne serai jamais rien de plus. Inutile de continuer, je ne reviendrai jamais vers toi.